Quand la culpabilité et un démon se mettent en colocation dans votre tête

Dans Kill or Be Killed, tome 1, Ed Brubaker et Sean Phillips nous livrent une œuvre sombre, tendue et furieusement addictive. Imaginez un croisement entre un thriller psychologique et une descente aux enfers, le tout saupoudré de réflexions sur la moralité, la violence, et les mauvais choix en cascade. Ajoutez un démon bizarre qui réclame des vies humaines, et vous avez le cocktail explosif de ce récit.


Le héros, Dylan, est un étudiant paumé, plus familier avec les crises existentielles qu’avec les happy ends. Suite à une tentative de suicide ratée, il se retrouve face à un démon (ou est-ce juste sa propre folie ?) qui lui propose un deal infernal : tuer des gens ou mourir. Rien que ça. Dylan, armé de ses tourments intérieurs et d’une maladresse touchante, plonge tête la première dans une double vie où le banal côtoie l’abominable.


Ce qui frappe immédiatement, c’est la manière dont Brubaker construit le récit : la narration à la première personne nous embarque directement dans la tête de Dylan, un endroit aussi fascinant qu’oppressant. Ses monologues introspectifs, souvent empreints de sarcasme, donnent un relief saisissant à ce personnage imparfait et pourtant étrangement attachant.


Sean Phillips, quant à lui, sublime l’atmosphère avec des illustrations sombres et granuleuses qui capturent parfaitement l’ambiance urbaine et paranoïaque de l’histoire. Chaque page respire la tension et le danger, et les couleurs de Bettie Breitweiser ajoutent une couche supplémentaire de malaise, jouant avec les ombres et les lumières de manière magistrale.


Kill or Be Killed n’est pas qu’un récit de vengeance ou de justice maladroite. C’est une plongée dans les zones grises de la morale, où les bonnes intentions s’entremêlent aux mauvaises actions. Dylan n’est ni un héros ni un méchant : c’est un gars pris dans une spirale incontrôlable, tiraillé entre son sens moral et un instinct de survie brutal.


Cependant, ce premier tome, bien qu’excellent, peut sembler un peu lent pour les lecteurs qui s’attendent à une avalanche d’action. Brubaker prend son temps pour poser les bases, développer ses personnages, et planter les graines du doute. Mais pour ceux qui aiment les récits qui mijotent avant de exploser, c’est un régal.


En résumé, Kill or Be Killed, tome 1 est un thriller psychologique sombre et captivant, où la folie, la violence, et la quête de sens se croisent dans une danse macabre. Brubaker et Phillips forment un duo redoutable, offrant une œuvre qui vous tiendra en haleine tout en vous laissant mal à l’aise... mais dans le bon sens. Un récit tranchant comme une lame, qui frappe là où ça fait mal.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 10 janv. 2025

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