Iconoclaste. Tel est le maître-mot d'un roman graphique qui, avec Un Deuil dans la Famille, influencera entièrement l'univers du Chevalier Noir. Personne n'avait vraiment envisagé les origines du Clown Prince du crime jusqu'alors. Et encore moins en imprégnant le récit d'une noirceur délicieusement cynique...
Nous assistons à la naissance d'un Joker psychopathe. C'est inédit : Adieu Clown uniquement plaisantin, bonjour ôde à la noirceur de l'âme.
Depuis plus de vingt ans, le fameux Comics Code Authority régissait toutes œuvres publiées, et faisait sombrer ces dernières dans le monde des Bisounours afin de préserver les valeurs morales de l'époque. C'est pourquoi The Killing Joke manqua d'être irrémédiablement censuré, surtout quand on découvre un chien fou, photographiant une Barbara Gordon nue (possiblement violée ?), ensanglantée, pétrifiée et traumatisée; puis dévoilant ces mêmes clichés à son père séquestré.
Les actes du Joker ne sont pas simplistes : il cherche à prouver la légitimité de son aliénation en prouvant à l'Homme Chauve-Souris que, quand bien même il serait l'individu le plus sain d'esprit qui soit, un homme peut céder à la folie s'il passe une très, très, mauvaise journée.
Alan Moore nous propose enfin une histoire intelligente, adulte (adieu les anciennes aventures pétillantes à la Adam West), où Batman ne fait pas que tabasser (si on pouvait appeler ça ainsi) de la racaille, mais il est compatissant envers son nemesis et lui propose même de l'aider à revenir vers la lumière.
Lumière qui l'a quitté, lorsque la mort plus qu'absurde de sa famille eue lieu, lui insufflant à jamais cette idée que sa vie n'est qu'une vaste blague, à en mourir de rire.