Kingsman : Services secrets de Mark Millar et Dave Gibbons, c’est un peu comme commander un martini shaken, not stirred, et se retrouver avec un soda tiède. L’idée est là : une réinvention stylée et irrévérencieuse des récits d’espionnage à la James Bond. Mais à la lecture, le cocktail manque un peu de saveur, comme si l’espion avait oublié son gadget le plus essentiel : un bon scénario.
L’histoire suit Eggsy, un jeune délinquant qui se voit offrir la chance de devenir un super-espion grâce à son oncle, membre d’une organisation secrète. Sur le papier, le mélange de formation d’agent secret et de critique du genre espionnage a tout pour plaire. En réalité, le récit oscille entre hommage et parodie sans jamais trouver le bon équilibre. Les tentatives d’humour grinçant sont souvent éclipsées par des scènes d’action qui, bien qu’efficaces, finissent par sembler génériques.
Visuellement, Dave Gibbons assure le minimum syndical. Les dessins sont propres et les scènes d’action claires, mais le tout manque de caractère pour vraiment capturer l’extravagance que ce genre d’histoire exige. On retrouve la touche classique de Gibbons, mais sans le dynamisme ou l’audace qui pourraient élever l’œuvre au niveau d’un Kick-Ass ou d’un Watchmen. Ça fait le boulot, mais ce n’est pas mémorable.
Mark Millar, quant à lui, livre un scénario qui semble vouloir trop en faire sans jamais aller au bout de ses idées. Les personnages, bien qu’amusants à suivre, sont trop souvent réduits à des clichés ambulants. Eggsy, par exemple, a tout pour être un anti-héros attachant, mais il manque de profondeur pour qu’on s’investisse pleinement dans son ascension. Quant au méchant principal, il est tellement caricatural qu’on peine à s’en soucier.
Le ton de Kingsman cherche à être irrévérencieux et fun, mais finit par devenir inégal. Certains moments brillent par leur inventivité ou leur décalage, mais d’autres tombent à plat, faute d’une direction claire. La critique du genre espionnage est intéressante mais jamais assez mordante pour marquer les esprits.
En résumé : Kingsman : Services secrets est une lecture divertissante mais oubliable, qui manque de punch pour vraiment briller dans le genre espionnage décalé. Une œuvre qui promet beaucoup mais livre finalement un service minimum, comme un agent secret qui arriverait en retard à sa mission. À lire pour les fans du genre, mais n’oublie pas de baisser tes attentes avant d’entrer en salle de briefing.