La médiocre transfiguration cinématographique du fameux détective (où l'on peut voir un Dr Watson meilleur karatéka que médecin. Quelle quiche, bon sang) a fait remonter sur les étals des libraires, comme autant de bulles émergeant d'un creuset hurlant, toutes les oeuvres qui puisent leurs racines dans celle de Conan Doyle ; toutes les adaptations.
Joie, cela vous épargne d'avoir à quémander l'aide des primates grincheux qui errent dans les allées de la FNAC, un gilet vert hideux sur les épaules, et qui se contentent habituellement de grogner "Tout c'qu'on a, c'est là !" en agitant les bras dans la direction des étagères lorsque vous leur fournissez la référence d'un ouvrage que vous recherchez désespérément.

Ainsi ai-je entrevu sur les étals de ce temple de la culture bradée ce rectangle qui se trouvait être cette BD.

Rappelez-vous : Holmes meurt aux chutes de Reichenbach, en Suisse(un siècle et demi avant Exit, la mort helvétique est déjà fameuse) en entraînant avec lui dans la cascade le professeur Moriarty, son pire ennemi, sa Nemesis. Qui a assisté au combat ? Watson ? Non, il n'est arrivé sur les lieux que plus tard. Il n'a été mis au courant de l'existence même de Moriarty que par Sherlock Holmes lui-même, via deux lettres posthumes et les imprécations confuses du détective frôlant la paranoïa par ses excès de raisonnements.

Quel crédit accorder à ce témoin distant, pour ne pas dire absent, des événements ?...

Sous les polémiques qui enflent lorsque Watson veut faire publier son récit, chacun apprend que Sherlock Holmes est mort et l'autopsie débute. Déjà les nécrologies s'entassent, les condoléances fluctuent et chacun mène son enquête sur la mort du grand homme. Sherlock Holmes, passe ainsi d'observateur à sujet d'études. L'arroseur arrosé fonctionne à merveille.

Car, en effet, comment faire confiance aux paroles d'un homme qui consommait de l'héroïne en quantités déraisonnables, qui passait de fait par des périodes de délire grave ?

Comment croire encore que Moriarty est mort avec lui ? Que Moriarty existe ?

Dès lors, comment seulement croire que Sherlock Holmes est mort ?...
(Surtout quand Doyle le fera revenir dans les Adventures of the Empty House)

Ce récit met clairement l'accent sur un des aspects les plus problématiques, à mon sens, des romans de Doyle : le fait que Watson raconte. Et c'est déjà pas mal.
LaysFarra
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le 27 mai 2012

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