Quand Blake et Mortimer rejouent un épisode des Experts version XVIIIe siècle

Avec L’Affaire du collier (1967), Edgar P. Jacobs plonge Blake et Mortimer dans une enquête digne des grandes heures du roman policier, mêlant histoire, mystères, et un soupçon d’espionnage. Cet opus se démarque par son ambiance feutrée, son intrigue tortueuse, et ses personnages qui ne seraient pas perdus dans une salle d’attente de Versailles.


L’histoire débute avec la mystérieuse réapparition du collier de la reine Marie-Antoinette, un joyau légendaire au cœur d’un scandale historique. Mais bien sûr, les choses ne sont jamais simples avec Blake et Mortimer : entre faussaires, conspirateurs, et un Olrik toujours aussi agaçant, cette enquête les entraîne dans un dédale de révélations, de dangers, et de dialogues à rallonge (parce qu’il faut bien expliquer chaque détail de l’intrigue).


Blake, fidèle à son rôle de gentleman à moustache, incarne ici l’homme de terrain pragmatique et toujours tiré à quatre épingles. Mortimer, quant à lui, brille par son érudition et son flair pour repérer les indices (même ceux planqués dans des recoins improbables). Leur duo fonctionne à merveille, oscillant entre professionnalisme sérieux et moments de camaraderie discrète.


Mais la star de cet album, c’est le collier lui-même. Objet de toutes les convoitises, il est le fil conducteur d’une intrigue où les faux-semblants et les complots pullulent. Olrik, éternel adversaire de nos héros, revient encore une fois pour semer le trouble avec son charisme de méchant moustachu. Cependant, il semble ici plus spectateur que véritable moteur de l’action, ce qui peut frustrer les fans de ses grandes machinations.


Visuellement, Jacobs livre une œuvre d’une précision chirurgicale. Les décors, qu’il s’agisse des palais somptueux ou des ruelles sombres, regorgent de détails qui immergent totalement dans l’ambiance de l’époque. Chaque case est un tableau soigneusement composé, et même les costumes des personnages respirent l’élégance et l’authenticité.


Narrativement, L’Affaire du collier repose sur une construction méthodique, parfois un peu lente, mais toujours captivante. L’intrigue se déploie avec la rigueur d’une enquête policière classique, ponctuée de moments de tension et de retournements bien sentis. Cependant, le rythme peut sembler légèrement inégal, notamment dans les longues phases explicatives où Mortimer détaille chaque théorie avec une passion qu’on aurait aimé voir plus souvent traduite en action.


Le véritable charme de l’album réside dans son ambiance : une fusion de mystère historique et de thriller contemporain (pour l’époque). Jacobs jongle habilement entre les références au passé et les enjeux modernes, offrant une histoire qui ravira les amateurs de récits d’énigmes et de complots.


En résumé, L’Affaire du collier est une aventure élégante et soignée de Blake et Mortimer, où intrigue et histoire se mêlent dans un ballet de révélations et de faux-semblants. Si le rythme et l’action peuvent parfois laisser sur sa faim, l’atmosphère et le soin apporté aux détails compensent largement. Une enquête où l’intellect est roi, et où même les bijoux ont plus de caractère qu’Olrik (pour une fois).

CinephageAiguise
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le 20 déc. 2024

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