Lax se révèle beaucoup mieux dans ses one-shots que dans sa série un peu déprimante du Choucas. Cette belle histoire, pas très drôle mais très humaine, d'un modeste Pyrénéen qui trouve dans le Tour de France naissant matière à se dépasser lui-même, est excellement découpée en séquences d'exposition et de dialogues. Pas une image de trop pour communiquer des informations ou susciter des sentiments.
Même pour des lecteurs qui, comme moi, ont peine à trouver du sens aux souffrances énormes qu'endurent de bon gré les coureurs du Tour de France, l'atmosphère de la naissance du Tour de France est très bien restituée, avec certes le côté agaçant de listes de noms qui ne disent rien aux non-initiés, mais aussi la restitution du regard que l'on portait sur les coureurs: regard encore marqué par la conscience régionale plus que nationale (la victoire locale de l' "enfant du pays").
Le second motif de ce récit est la construction et le fonctionnement de l'Observatoire astronomique du Pic du Midi, dans un contexte de faibles moyens logistiques... L'amitié entre le coureur Amédée Fario et l'astronome Camille Peyroulet est solide, féconde, et porteuse de beaux gestes.
La vie rurale et les maisons pyrénéennes entre 1907 et 1914 sont bien rendues, et ont cette saveur que notre époque s'ingénie à éradiquer par le mépris hautain porté aux choses régionales et rurales. C'était une époque où le mot "refuge", en montagne, prenait tout son sens, et était autre chose qu'une buvette pour randonneurs du dimanche hérissés de bâtons de marche de chez Décathlon depuis la veille.
Derrière tout ceci, la Passion du handicap physique à surmonter se superpose à la passion médiatique éprouvée envers le Tour.
Une histoire de pauvres gens qui cherchent à illuminer leur vie autant que possible. Par le sport. Par le coeur. Juste avant 1914...