Mon album préféré de cette saga.
Voilà. Ça c’est dit.
Comme ça, au moins, ça vous posera le ton tout le suite.
Le pire, c’est que j’aurais du mal à clairement vous définir ce qui fait selon moi la « magie » de cet épisode. Mais pour le coup – oui – il me semble assez évident que le pouvoir d’envoûtement dont est capable cet album relève d’une certaine forme de magie, ou devrais-je dire plutôt d’une certaine qualité d’atmosphère.
Ce n’est sûrement pas un hasard si cet album porte le nom d’un lieu.
Le héros dans cet album, ce n’est pas Canardo, c’est l’Amerzone.
(D’un autre côté, dans quel album Canardo est-il véritablement le héros ?)
Ce voyage en Amerzone, c’est un tout.
C’est le dépaysement pour commencer.
C’est l’appel de toute une série de figures désenchantées ensuite : l’aventurier sans étoffe, le putschiste sans épaisseur, l’armée sans éclat…
Même les indigènes sont réduits à de simples bécasses anesthésiées qui errent dans la jungle en slips kangourous.
En fait, ce qu’il y a de si amer dans cet « Amerzone » c’est le fait qu’il y a bien quelque-chose de beau et de majestueux dans ce pays – les fameux oiseaux blancs – mais que face à ça, personne ne sait adopter la seule attitude qu’on se devrait d’avoir face à pareille merveille de la nature.
Personne ne sait se contenter de la simple contemplation.
Personne ne sait se saisir de l’esprit de préservation.
Non, au lieu de ça, chacun se questionne comment exploiter la chose – comment tirer parti de ce frêle fragment de beauté – au point d'adopter en définitive des comportements qui ne peuvent que les conduire à se priver de la seule chose encore susceptible d’enchanter ce monde.
Cet album, je le trouve sans fioriture.
Bien nihiliste et mélancolique comme il se doit.
Il pose quelque-chose de vraiment singulier ; quelque-chose qui reste.
C’est en cela que, pour moi, cet album, il reste à mes yeux – et encore aujourd’hui – le plus emblématique de la saga « Canardo. »