Avec L'Apocalypse selon Magda, Chloé Vollmer-Lo et Carole Maurel nous livrent un récit intimiste et mélancolique où l’apocalypse n’est pas vraiment celle qu’on attend. Pas de météorites géantes ni de zombies enragés, mais une fin du monde à l’échelle personnelle, vécue à travers les yeux d’une adolescente désabusée. Une idée intéressante qui titille, mais qui finit par piétiner ses propres promesses.
Magda, notre héroïne, est une adolescente comme beaucoup d’autres : cynique, paumée, et persuadée que le monde est voué à s’effondrer. Et elle n’a peut-être pas tort. Entre ses déboires familiaux, ses amitiés compliquées, et ses réflexions existentielles, elle porte un regard acerbe sur une société qu’elle considère déjà en ruines. C’est un personnage avec lequel il est facile de s’identifier, mais dont le pessimisme incessant peut parfois fatiguer.
L’un des atouts du récit réside dans les dessins de Carole Maurel. Son style subtil et ses palettes de couleurs douces capturent parfaitement l’ambiance morose et introspective du récit. Les visuels apportent une richesse émotionnelle qui compense parfois un scénario un peu linéaire. Chaque page respire une atmosphère feutrée, presque onirique, mais qui peut aussi renforcer le sentiment de lenteur.
Narrativement, Chloé Vollmer-Lo explore les thèmes de l’identité, des relations humaines, et du passage à l’âge adulte, le tout sous une métaphore apocalyptique. Cependant, cette approche manque parfois de mordant. Les dialogues, bien que réalistes, tombent parfois dans des clichés adolescents qui diluent l’impact émotionnel. L’histoire avance doucement, mais semble hésiter entre réflexion philosophique et tranche de vie, sans jamais totalement s’engager dans l’un ou l’autre.
L’un des principaux défauts de L'Apocalypse selon Magda est son rythme. Le récit s’étire, donnant l’impression que la fin du monde, tout comme l’intrigue, n’arrive jamais vraiment. Si certaines scènes marquent par leur sincérité, d’autres peinent à justifier leur présence, laissant une impression de remplissage.
En résumé, L'Apocalypse selon Magda est un récit visuellement charmant et parfois poignant, mais qui manque de dynamisme et de profondeur pour pleinement captiver. Avec une héroïne attachante mais parfois écrasée par son propre désespoir, ce roman graphique explore la fin du monde d’une manière intime, mais un peu trop contemplative. Une apocalypse qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui laisse une petite trace, comme un vieux café renversé sur une table de bistrot.