L'Ascension du Haut Mal, comme ne le dit qu'à moitié le titre, est une oeuvre autobiographique relatant la jeunesse de l'auteur autour du fil conducteur principal que constitue l'épilepsie de son frère ainé. Cependant, loin d'être un récit objectif et linéaire, L'Ascension du Haut mal dépasse largement le cadre de la peinture familiale et aborde un grand nombre de thèmes pour certains très éloignés de celui central. Pour citer pêle-mêle quelques exemples, il y est question d'héritage culturel, de souvenirs de famille, de médecines parallèles, du développement de l'imaginaire d'un auteur de BD, de rêves, de fantômes, de stérilité et de solitude.
Tout ceci est narré avec beaucoup de finesse et crée avec brio des sentiments d'une rare ambivalence. Cette complexité à la fois dans les thèmes abordés et dans la façon dont ils sont traités, qui ne nuit pour autant jamais à la fluidité du récit, est d'ailleurs l'un des points forts de l'oeuvre.
L'autre qualité digne d'éloges est sans nul doute l'inventivité de l'auteur sur le plan graphique. Chaque page ou presque recèle d'originalités qui ont une qualité absolue qui les fait automatiquement passer du statut intéressantes à celui géniale : leur utilité narrative. Loin de chercher à créer « un style pour le style », David B. parsème ses cases de monstres mythologiques qui donnent corps à une odieuse maladie, manipule les échelles pour faire vivre le quotidien d'un enfant, transforme les amis imaginaires du jeune Pierre-François en icônes issues de la tradition littéraire, se met en scène en train de dessiner l'Ascension du Haut Mal, personnifie l'irrationnel et dématérialise le quotidien...