Ce second opus de Madeleine Résistante nous tient de nouveau en haleine. Après avoir découvert dans le premier tome les raisons qui ont poussé Madeleine Riffaud à rejoindre la Résistance, ce deuxième tome nous dévoile les actions menées par les Parisiens qui se sont rebellés face à l'Occupant entre 1942 et 1944.
Même si l'on sait que Madeleine est encore en vie aujourd'hui pour nous raconter son histoire, le lecteur ne peut s'empêcher d'avoir peur pour elle et de craindre le pire. Les auteurs parviennent à nous captiver et à maintenir le suspense grâce à une narration très rythmée. Celle-ci est construite comme une série de petits courts-métrages, chacun ayant son unité et dévoilant les clés qui mèneront à l'issue dramatique du livre.
Par la narration à la première personne qui retranscrit les échanges entre Madeleine Riffaud et Jean-David Morvan, on ne peut que s'identifier à elle et partager ses émotions et ses convictions. Grâce à une mémoire phénoménale, Madeleine nous raconte dans les moindres détails ce qu'elle et ses compagnons ont vécu et subi entre 1942 et 1944. Le dessin de Dominique Bertail et le choix des nuances de bleu permettent de retranscrire avec retenue et pudeur ces événements.
Ce livre nous fait découvrir comme aucun autre les coulisses des réseaux de la Résistance française. On comprend mieux ses rouages et ses fonctionnements. Madeleine nous explique les codes que les membres utilisaient entre eux et le système des rendez-vous de repêchage pour réussir à échanger. Mais on découvre aussi les dilemmes auxquels ils ont dû faire face, entre ceux qui ont fait preuve de lâcheté ou ceux qui n'arrivaient pas à tirer sur les Occupants.
Le livre donne enfin une part belle à la place des femmes dans la Résistance. Comme Madeleine le rappelle, les premiers membres étaient principalement des femmes. Les hommes étant pour la plupart mobilisés, ce sont les femmes qui les premières ont aidé, ont caché, et ont fait passer les messages clandestins. Madeleine écrit avec justesse que ce sont les femmes qui « [raccommodaient] le filet brisé de la Résistance » à chaque fois qu'un membre était arrêté. Elles étaient « les petites mains des réseaux », et pour cela beaucoup « ont été arrêtées, suppliciées, déportées et éliminées ».
Les auteurs rendent hommage à Madeleine mais aussi à toutes ces femmes que l'Histoire a souvent effacées. Dans la continuité de cet ouvrage, Jean-David Morvan nous fait aussi découvrir les destins d'Irena Sendlerowa, de Simone Lagrange et récemment de Ginette Kolinka. Et on ne peut que le remercier pour cette ambitieuse et nécessaire entreprise.