Pour la première fois (en partant du principe que je lis toute la série dans l'ordre chronologique !), je suis déçu par un Blake et Mortimer.


L'impression que j'ai eu, c'est que j'ai lu un album en un seul tome qui aurait dû en avoir deux. Ce qui donne un aspect bancal à l'ensemble (mais je vais y revenir plus tard !). Cela est très étonnant de la part d'un artiste aussi rigoureusement perfectionniste que Jacobs... une lecture de la fiche Wikipédia de la BD plus tard...



À l'origine, Jacobs prévoit de développer L'Énigme de l'Atlantide en
deux tomes et fait un travail de recherches sur de nombreux costumes
et vaisseaux spatiaux. Mais Le Journal de Tintin refuse le projet,
craignant de voir l'auteur s'enliser dans une histoire interminable. (Wikipédia)



Ah oui... ceci explique cela... (attention, je ne dis pas que tous les reproches que je vais formuler sont dus à cette raison, je n'en sais fichtrement rien, mais je pense qu'une bonne partie d'entre eux si !).


Toujours est-il, quand on regarde l'album dans son entièreté, le deuxième quart, pendant lequel les deux héros prennent le temps, avec le lecteur, de connaître l'Atlantide, marque un sérieux coup de mou, avant de se précipiter un peu trop brusquement dans l'action pure et dure jusqu'à la fin. Je pense que ce coup de mou n'en aurait pas été un s'il avait été placé dans un tout plus étendu.


Ce déséquilibre est d'autant plus gênant que dans la deuxième moitié, basée quasi-exclusivement dans l'action, on ne prend pas le temps de développer des éléments qui paraissaient essentiels pour donner un peu plus de profondeur.


On ne s'étend pas véritablement sur les motivations des antagonistes. Ils parlent un moment d'envahir la surface au détour d'une réplique, mais ce ne sera jamais exploité d'une manière ou d'une autre. En outre, ça donne un parfum de manichéisme entre tribus "barbares" qui semblent vivre comme au temps des Incas et le monde moderne des Atlantes, d'une technologie très avancée, de l'Atlantide.


Le Colonel Olrik tombe dans une crevasse. On le retrouve plus tard en bras droit du chef de la tribu des barbares. Et c'est tout. Je veux bien que ce méchant génial et ultra-charismatique soit un as de la manipulation, avec une forte autorité indéniable, et que donc ils parviennent à finir ainsi, mais c'est tellement balancé comme ça, sans rien d'autre, que ça en perd pas mal dans la crédibilité. Je pense qu'un petit retour en arrière visuel sur une ou deux pages aurait été le bienvenu.


Pour rester avec ce cher et tendre Olrik, il réussit à détruire un empire, représenté comme particulièrement bien avancé, juste en tirant accidentellement avec un laser au mauvais endroit ? S'il ne suffit que de cela pour anéantir ce lieu, celui-ci peut aller se faire voir.


Et le rebondissement d'Olrik (oui, encore lui !) avec l'aquarium, au début, dont on ne réentend plus réellement parler ?


Pour en terminer avec les points négatifs, le final est précipité. Quelques cases où on retrouve nos deux protagonistes revenus à la surface n'auraient pas été franchement de trop, de voir comment ils réagissent après leur incroyable voyage dans leur véritable milieu, de voir comment ils font face aux personnes qui ne les ont pas accompagnés dans le gouffre.


À ce stade-là, on pourrait croire que j'ai détesté l'album. Non, c'est juste que je l'ai moins aimé que les précédents. Sérieusement, il y a quelques trucs admirables à en retenir malgré tout.


Déjà, l'érudition de Jacobs qui laisse une fois de plus bouche bée. Notamment lors de la descente dans le gouffre, les connaissances scientifiques et le vocabulaire technique qu'il nous sort... la vache... Je n'ose même pas chercher à savoir le nombre de livres, de revues et d'articles qu'il a dû lire sur le sujet ; cela doit donner le tournis.


Quant à parler de son exceptionnel talent et de son imagination (en partie inspiré par les films de SF américains des années 1950 !) visuels, je ne vais pas insister dessus, car je n'ai pas envie d'utiliser un pléonasme. Je dirai juste que le flashback avec la destruction de l'Atlantide (l'auteur a dû s'en injecter des lectures de Platon !) et l'éruption d'un volcan sous-marin, où le Monsieur fait un usage magistral de l'orange et du jaune, ainsi que la fuite des Atlantes (que l'on peut voir sur la couverture !) sont des fulgurances à couper le souffle.


J'ai envie d'achever cette critique de L'Énigme de l'Atlantide sur cette touche positive et de passer à l'opus suivant...

Plume231
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le 29 janv. 2021

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Plume231

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