Il y a bien longtemps, la Terre fût frappée par six cataclysmes, mettant fin à l'humanité. Après des millénaires, une nouvelle forme de vie est née : des êtres minéraux humanoïdes et immortels au nombre de 28, formant ensemble un microcosme sous la guidance de leur maître Kongo. Une menace plane toutefois sur leur quotidien rêvé : les Séléniens, espèce mystérieuse venue des cieux, les attaquent de façon journalière pour les kidnapper, désireux de les posséder. C'est dans cet univers que nous suivons Phosphophyllite, le plus jeune et le plus fragile des cristaux, dans une longue épopée qui débutera par l'humble mission d'élaborer une histoire naturelle.
Il est difficile de parler du génie scénaristique que représente Houseki no Kuni en omettant tout spoil, mais je vais m'y atteler au cours de cette critique. Ce monde idyllique mis en péril par une menace inconnue et quotidienne n'est pas sans rappeler l'angoisse instaurée par SNK. Le caractère immortel des personnages ne suffit pas à diminuer les conséquences de leurs combats : les gemmes se brisent, perdent la mémoire à mesure qu'elles se retrouvent destituées de morceaux entiers de leurs corps, subissent des greffes contre-nature, il s'agit d'une forme dérangeante et inédite de Body Horror.
La longue mise en bouche des débuts de ce manga vaut complètement le coup : les révélations importantes se succèdent à partir de la moitié des chapitres parus. L'histoire, à mesure qu'elle avance, évoque un véritable sentiment de terreur. Le désastre se construit petit à petit, autour d'un héros qui sombre parfois dans la folie. Les dessins sont magnifiques et contribuent pleinement à cette ambiance, notamment via une grande utilisation d'encrage noir.
Houseki no Kuni est captivant, propose un concept fascinant, et représente l'une des séries de Science-Fiction les plus originales qu'il m'ait été donné de lire. Le développement des personnages est magnifiquement écrit, et le manga est un savant mélange entre SF, action et horreur tout en étant parfois teinté de comédie.