Investie de la mission de dresser une histoire naturelle de leur monde, Phosphophyllite va de découverte en découverte, au grand dam, en fin de compte, de Maître Vajra qui lui a pourtant confié cette mission. Celle qui, parmi les siens, se brise le plus facilement, est aussi celle qui a pour vocation d’explorer un monde comme figé depuis des millénaires déjà, bégayant sans cesse les mêmes rituels. Et, paradoxalement, ce sont les cassures qu’elle subit qui la font progresser. L’oubli lui permet ainsi d’apprendre ce que les autres ignorent, tandis que la perte de certains membres l’invite à assimiler de nouvelles matières pour s’en approprier les propriétés et palier son handicap.
La "leçon" qui se dégage, subtilement et poétiquement, de cette fable, se double de l’élaboration d’un univers mystérieux et envoûtant. Un charme opère, indéniablement, d’autant que la galerie de personnages déployée par Haruko Ichikawa s’avère convaincante, jouant bien entendu d’archétypes, que la dimension mythologique de l’aventure rend cependant naturels et bienvenus.
Atypique par l’atmosphère ménagée et par les choix graphiques opérés, cette série confirme, avec ce tome 2, la bonne impression laissée par le premier, d’autant que le mythe autour des créatures dépeintes s’étoffe peu à peu.
Chronique originale sur actuabd.com:
http://www.actuabd.com/L-Ere-des-cristaux-T-2-Par-Haruko