« Ah ! Quel grand savant le monde va perdre ... »
Deuxième aventure de Jo, Zette et Jocko (mais la quatrième dans l’ordre de réédition en 1952), L’éruption du Karamako conclut l’intrigue autour du Rayon du Mystère, entamée avec Le Manitoba ne répond plus. On retrouve notre savant fou digne d’un James Bond des seventies, avec sa base secrète sous le mer et son gang d’affreux hommes de main ; Hergé ajoute cette fois de nouveaux éléments sur l’île (Aïneo), ainsi qu’une description sur plusieurs pages de l’Amérique. Les fans de Tintin reconnaîtront quelques visages connus, des Américains rencontrés par le petit reporter durant son périple dans le Nouveau Monde, et que Hergé fait ici réapparaître autour d’un poste de radio (le fermier, la mère Afro-Américaine) ... ainsi qu’un caméo de Wang Jen-Ghié et de son fils, tout droits sortis du Lotus Bleu !
Côté narration, Hergé fait les choses en grand : ces aventures comptent trois héros, et à aucun moment ils ne seront réunis ! Chacun a droit à sa petite aventure personnelle, développée sur plusieurs planches (mention spéciale aux exploits de Jocko). Une structure assez innovante pour l’intrigue, qui se révèle être une bonne surprise : seul revers de la médaille, des gamins d’une dizaine d’années sont forcément moins débrouillards qu’un Tintin, aussi nos trois héros se retrouvent souvent réduits à un rôle passif, ballotés qu’ils sont entre des personnages secondaires adultes (Monsieur Legrand, les méchants, le savant, la police ...).
Côté dessin, une très belle ligne claire, quoi de plus normal chez Hergé ? On apprécie de trouver, quelques planches avant la fin, une vignette de demi-page plutôt originale, presque un gros plan sur Jo et son père, assez inattendu chez Hergé. La parade finale avec lâchers de confettis dans les rues d’une grande ville américaine, est quant à elle un nouveau clin d’œil à Tintin en Amérique.
Bref, un second tome aussi bon que le premier, fort en aventure et en rebondissements, et qui conclut sans fausse note l’intrigue du Rayon du Mystère.