Pas d'analyse historique aujourd'hui.

Juste l'envie de réhabiliter un peu cet album bourré de qualités et pourtant assez décrié.

Évacuont d'abord les critiques provenant du contexte historique lié à la parution de l'album.

L'étoile mystérieuse est publié en 1942 à Bruxelles en pleine occupation allemande dans le quotidien collaborationniste "Le soir".

L'histoire épouse l'air du temps les premières pages comporte un case ouvertement antisémitique, le méchant banquier qui finance l'expédition concurrente porte un nom à consonance juive et arbore les traits caricaturaux du juif apatride et affairiste. Le navire concurrent est sous pavillon américain et porte un nom américain.

A l'opposé l'expédition menée par Haddock et Tintin présente une communauté scientifique européenne et unie (en plein conflit mondiale) dirigée par un belge ou l'allemand est présent sous les trait d'un brave professeur réduit à un rôle de figurant.

Dans quel mesure Hergé est l'acteur conscient de ce discours il est difficile de l'évaluer, notons (et ce n'est pas une exonération de ma part vis à vis d'Hergé) que ce discours pro allemand est relativement modérée par rapport aux tombereaux de haine que la presse de l'époque charrie à longueur de page. Notons également qu'après 45 Hergé s'applique à gommer les références génantes on peut y voir de l'opportunisme il n'en demeure pas moins qu'ainsi il nous offre un récit d'aventure tout à fait acceptable.


Ceci dit pourquoi relire à cet album ?

Parce que je le répète c'est une bonne histoire linéaire dans sa narration qui se relis sans problèmes.

Parce qu'il possède des qualités graphiques tout à fait remarquable.

J'aime ainsi particulièrement les premières pages où Tintin erre dans les rues d'une ville rendu anonyme par un décor très stylisé qui fait pensé au graphisme du courant futuriste des années 20. Remarquez l'importance des ombres Hergé qui savait mettre en scène les rêves (cf le temple du soleil, le crabe aux pinces d'or et les bijoux de la castafiore) mais ici en scène un monde très proche du cauchemar. Cauchemar qui se conclut page 9 par un brutal retour à la réalité.


La suite du récit opère graphiquement comme un retour à la réalité, la palette de couleur abandonne la dominante cauchemardesque du noir et du bleu clair. Le décor s’enrichit de couleur et de détails, l'aventure cesse d'être une angoissante attente de fin du monde pour une quête. Le lecteur respire il sait où il va.

Graphiquement des perles comme à la page 24 la mise en scène du mal de mer de l'expédition, et page 25 celle d'un navire dans la tempête.

La fin du récit montre la logique du scenario où le héros sur une ile magique affronte les terreurs qu'il a vécu au début. La boucle est bouclé les terreurs subis sont affronté et dominé. Le graphisme est cohérent avec le propos du grand art.

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le 23 juil. 2023

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