L'éveil du maître Gary Gygax nous a plutôt endormis sans nous filer le virus de Donjons et Dragons

À lire avec illustrations sur : http://branchesculture.com/2018/05/29/eveil-du-maitre-du-donjon-gary-gygax-kushner-shadmi-biographie-jeu-de-role-donjons-et-dragons/


**Dans notre entourage, depuis la cour de récré jusqu'en des cercles plus sérieux, on a tous eu des amis qui avaient succombé à l'incroyable pouvoir d'attraction et la magie du premier jeu de rôle de l'histoire (du moins formalisé et réglementé) dont le succès est indémodable et inattaquable: Donjons et Dragons. Il y a près de cinquante ans, Gary Gygax, aidé de Dave Arneson, lançait un jeu au retentissement sans précédent, vite élevé au culte et qui connaîtrait de nombreuses adaptations et dérivés. Plus que l'histoire du jeu, c'est la biographie de son créateur que David Kushner et Koren Shadmi ausculte, des balbutiements à la renommée, des parts pratiquées en sourdines aux conventions ultra-prisées, de la naïveté aux désillusions, aussi.


Résumé de l'éditeur :** Premier jeu de rôle de l’histoire, Donjons & Dragons a tout simplement révolutionné le monde du jeu et de la culture geek contemporaine. Précurseur des premiers jeux vidéo type RPG (Role Playing Game), « D&D » pour les intimes a posé les bases d’un genre aujourd’hui incontournable et forgé toute une imagerie heroic fantasy dans l’inconscient collectif. Toujours joué à l’heure actuelle, il a surtout contribué à nourrir l’imaginaire et la créativité de générations entières de joueurs. Mais qui est Gary Gygax, le mythique créateur de ce jeu de légende ?


À l'heure actuelle, n'importe quel destin est bon à faire un biopic, quel qu'en soit le format. La politique, le sport mais aussi les grandes industries culturelles sont ainsi fouillés par des chercheurs d'or traquant la moindre existence sortant de l'ordinaire. Bien souvent, la renommée ne suffit pas, il faut un truc en plus: un charisme ou une hideur, une success-story ou une descente aux enfers, etc. Tout est bon, on vous dit, pour peu que, en mal ou en bien, le personnage central de l'histoire soit suffisamment populaire. Ou que sa création le soit, monstre de Frankenstein ou fées de Cottingley. Avec Donjons et Dragons, on a un peu des deux, de l'ombre et de la lumière, mais surtout le prétexte à faire un biopic sur un créateur d'un jeu qui ne cesse de faire le tour du monde. Et ça, ce n'est pas souvent que ça arrive.


Soyons clairs, de près ou de loin, Donjons et Dragons ne m'évoque pas grand-chose sinon les deux thèmes auquel renvoient son nom et une certaine frénésie auprès de connaissances beaucoup plus au courant que moi. Moi, les jeux de rôle, ça me passe par-dessus la tête. Non que ça ne m'intéresse mais que je n'aie pas eu le loisir, jusqu'ici, de m'y intéresser. Pourtant, la couverture simple mais efficace, jouant les contrastes, m'a happé et appelé à suivre cet éveil du maître du donjon. Tout en me disant que si, c'était complexe, j'abandonnerais ma lecture.


Je ne l'ai donc pas abandonnée, d'où ma présence ici. Tant mieux, me direz-vous. Oui, car cette incursion dans la vie d'un maître à penser de plus d'une génération de geeks ne fait pas dans le détail pour initiés mais convie tout le monde à embarquer sur le pont-levis. Au fil de huit chapitres, Kushner et Shadmi dessinent un monde qui sort d'un cerveau fertile et se matérialise au sein d'une communauté de plus en plus étendue, la polarisant et créant des situations extrêmes. Comme la disparition de Dallas, cet adolescent qui, inspiré par le jeu, disparaîtrait sans laisser de trace et en laissant son entourage puis les médias et les forces de l'ordre en émoi.


Si les deux auteurs ont eu la bonne idée (quoique, on l'attendait, on l'espérait même) d'inclure des petites touches d'héroïc-fantasy pour donner un peu de peps au récit, en faisant intervenir quelques gloires de l'univers fictif développés par ce qui est plus qu'un simple jeu, le souffle épique n'est pas au rendez-vous. Et si le connaisseur du jeu possèdera peut-être assez de connaissances du jeu pour les mettre en relation avec ce roman graphique, le lecteur lambda que je suis est resté de marbre. Parce que le traitement choisi par le duo est assez plan-plan et ne fait guère illusion sur la longueur, incapable de nous faire sentir l'addiction que ressentent les aficionados du jeu et la ferveur qui a poussé Gygax, cet homme moderne qui se rêvait chevalier dans un monde bien plus haletant que le nôtre, à élaborer un jeu qui ferait date. En fait, L'éveil du maître du donjon est moins une BD qu'un livre d'illustrations en case auquel un texte descriptif est joint. Les rares phylactères présents cèdent la place à des cartouches italiques permettant d'exprimer les pensées et paroles des personnages principaux. Une facilité empêchant la mise en scène, déstabilisante et surtout lassante dès les dix premières planches. Si le dragon crache toujours des flammes, cette incarnation en BD sent le roussi.

Créée

le 30 mai 2018

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