L'habitant de l'infini (Mugen no junin) est un manga de type seinen de Hiroaki Samura créer en 1994 et publié en français à partir 1995 aux éditions Casterman dans la collection Sakka. La série comporte trente tomes.
L'histoire se déroule durant l’Ère Edo (1603-1867). Nous pouvons y suivre les aventure de Manji, samouraï immortel grâce aux pouvoirs d'un étrange ver qui à jurer de tuer 1000 scélérat pour être lavé de ses crimes, et Lin, jeune fille de 16 ans descendante de maître de dojo, ayant juré de venger l’assassinat de ses parents.
Au vu du pitch on s'attend encore à une énième histoire de samourais dans le style de Kenshin le vagabond de Nobuhiro Watsuki ou Samourai Deeper Kyo de Akimine Kamijo. Et bien que nenni ici on ne tombe pas dans les clichés habituels du genre : pas de supers techniques au sabre, pas de longs monologues inutiles au milieu des combats pour nous démontrer la force et l'utilité de l'amitié lors des combats des protagonistes, pas de combats faisant 2 tomes, pas de gentils avec des têtes de gentils et des méchants avec des têtes de méchants (Manji étant balafré et borgne ressemble plus à un yakuza qu'à un enfant de chœur). L'auteur nous livre un manga réaliste malgré la teinte de fantastique qu'il possède ; les combats sont rapides, brefs et sanglants. Chaque coup de sabre vise à tuer son adversaire. Nous n'avons pas non plus l'archétype du héro de manga sur les samouraïs, qui est increvable et imbattable. Manji est très souvent réduit à l'état de loque après les combats. Beaucoup de ses combats sont gagnés grâce à son immortalité et lui même le sait.
« Dis-moi la vieille ! Combien de temps je vais garder cette saloperie ? Et puis rester vivant après avoir eu la cervelle transformée en écumoire ? Ce n'est pas vraiment une vie ! Même ma maîtrise du sabre est moins bonne depuis que je me sais immortel. »
Au niveau graphique il n'y a rien à redire ; c'est magnifique. L'auteur joue admirablement bien avec les ombres et malgré le fait que ce soit en noir et blanc on ressent très clairement les teintes et couleurs que devrait avoir les décors et personnages. Lors d'une scène de combat des plus sanglantes du manga on ressent vraiment cette impression de rouge sang qui envahi le décors et tachant les personnages.
L'auteur arrive aussi à bien reproduire le mode de penser des gens de l'époque. L'amertume des samouraïs s’étant battu pendant la guerre de se retrouver face à des écoles prônent une philosophie du sabre, l'injustice, la pauvreté, la fatalité ou solidarité de nombreux personnages.On pourrait penser que c'est un manga juste axés sur la violence du fait des combats, mais nous avons beaucoup de scène de la vie de tous les jours ce qui nous plonge mieux dans l'ambiance de l'époque. Nous avons des personnages profonds et varié avec de multiples facettes. L'histoire se développe rapidement et nous n'avons l'impression de piétiner sur place pendant plusieurs tomes. L'auteur évite ici aussi est des travers du genre qui est de changer en cours de route l'idée principale du manga.
Nous avons ici un chef d’œuvre avec tous ce qu'il faut ; histoire accrocheuse, personnages attachants et dessins sublimes. Je conseille à toute personne de le lire, aux néophyte du manga comme aux fans inconditionnels.