Le corvidé : un vrai choucas pour le psy !

Tout est dans le titre de cette critique : l’histoire d’un corps « vidé » de son enveloppe, remplacée par celle d’un corbeau, ce qui s’avère être un cas intéressant pour le psy qui accepte de rencontrer l’être hybride qui vient le voir, d’autant plus que celui-ci porte des baskets, ce qui n’est pas courant chez les corvidés, vous en conviendrez aisément.

Présenté comme ça, avec ces pauvres jeux de mots, ça ne paie pas de mine, c’est sûr. Mais il ne faut pas s’arrêter là, il faut absolument lire cette bd, et surtout son entrée en matière, magistrale et exquise.

Car Fred, dans cet album pour le moins original, manifeste sa maîtrise de l’art du dialogue et nous gratifie d’échanges assez jubilatoires. On y trouvera de nombreux jeux de mots et beaucoup d’humour. La rencontre entre le corbac et le psy est savoureuse, d’autant plus que le dialogue ciselé est accompagné de dessins réussis. Fred manifeste là sa capacité à présenter le plus naturellement du monde une histoire pour le moins improbable ; il représente formidablement ce corbeau au regard si humain, et terriblement mélancolique.

Et indépendamment du scenario et des dessins, on sent la maitrise du medium, Fred exploitant très bien le potentiel de la BD : on appréciera sa façon de dessiner, de composer les cases et de les articuler, sa capacité à représenter des individus sous tous les angles, mais aussi la fluidité de l’ensemble, on notera ainsi un réel talent.

J’ai apprécié toute la première partie, les échanges entre le corbeau et le psy, la description du caricatural chef du corbeau ou celle du patron de bar facho. Mais j’ai été beaucoup moins convaincu par le passage avec le général gardien de square, de même que toute la fin chez la baronne et le petit de quarante deux ans. C’est vraiment dommage, l’album commençait si bien ! Alors qu'il s'achève en ayant perdu le dialogue avec le psy au profit d'histoires à la mords moi le nœud pas drôles et à mon avis sans intérêt.

Bref, L’histoire du corbac aux baskets est un album surréaliste au scenario quelque peu décevant mais qui mérite d’être lu, pour sa superbe entrée en matière et pour admirer la maîtrise du medium par Fred.

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le 31 oct. 2012

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socrate

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