L'Homme gribouillé
7.3
L'Homme gribouillé

BD franco-belge de Serge Lehman et Frederik Peeters (2018)

Quand le mystère tisse une toile… un peu trop serrée

Avec L’Homme gribouillé, Serge Lehman et Frederik Peeters nous offrent une plongée en apnée dans un récit à mi-chemin entre thriller, fantastique et conte gothique. Mais attention, ce n’est pas une balade tranquille au bord de l’eau : ici, les mystères s’accumulent et les non-dits s’entrelacent, formant une intrigue aussi fascinante que parfois étouffante.


Le récit commence avec Betty, une jeune femme rongée par des secrets familiaux et des phénomènes inexpliqués. Une mystérieuse tempête, des menaces invisibles et un héritage qui semble vouloir la dévorer… voilà le cocktail explosif dans lequel elle se retrouve plongée. Si l’atmosphère est impeccablement construite, le rythme peut parfois désorienter, avec des révélations qui arrivent en rafales avant de repartir dans des zones d’ombre.


Graphiquement, Frederik Peeters livre une prestation magistrale. Ses dessins en noir et blanc, tout en contrastes, amplifient l’ambiance oppressante et l’étrangeté du récit. Les visages, détaillés à l’extrême, traduisent chaque nuance d’émotion, tandis que les décors, souvent minimalistes, laissent une large place à l’imagination. Mais attention : cette esthétique soignée demande un effort au lecteur, car certains détails visuels semblent presque volontairement dissimulés dans l’ombre.


L’intrigue, signée Serge Lehman, est un patchwork d’influences, mêlant mythologie, drame familial et suspense. Mais ce patchwork, parfois, frôle l’overdose. Les pistes s’ouvrent sans toujours trouver de conclusion, et on a parfois l’impression de suivre un puzzle dont les pièces ne s’emboîtent pas totalement. Le mystère est captivant, mais il peut aussi frustrer ceux qui cherchent des réponses claires.


Les personnages, eux, sont une force de l’album. Betty, sa mère et sa grand-mère forment un trio complexe, oscillant entre tension, solidarité et secrets inavoués. Ces trois générations de femmes apportent une profondeur émotive bienvenue, même si certaines interactions semblent un peu noyées dans le flot des mystères.


En résumé, L’Homme gribouillé est une œuvre dense, visuellement saisissante et narrativement ambitieuse. Un récit qui intrigue et happe, mais qui risque de perdre en route ceux qui préfèrent des intrigues moins labyrinthiques.

CinephageAiguise
7

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Créée

le 17 janv. 2025

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