Quand Spirou et Fantasio s’emmêlent les aiguilles dans une odyssée cosmique

Avec L’Horloger de la comète (1986), Tome et Janry envoient nos héros préférés dans une aventure aussi brillante que chaotique, où les rouages du temps croisent les mystères de l’espace. Oui, vous avez bien lu : des horloges et des comètes. Si ça vous paraît farfelu, attendez de voir le résultat. Entre science-fiction débridée, humour décalé et un soupçon de poésie, ce tome est une petite pépite… même si elle clignote parfois de travers.


L’histoire démarre quand Spirou et Fantasio rencontrent Cosmoschtroumpf un horloger de génie (avec un charisme proche de celui d’une pendule antique) qui affirme maîtriser le temps grâce à une mystérieuse machine cosmique. Il n’en faut pas plus pour que nos deux compères se retrouvent embarqués dans une aventure où l’espace-temps part en freestyle, les comètes deviennent des terrains de jeu, et les paradoxes se ramassent à la pelle.


Spirou, égal à lui-même, joue ici le rôle du héros rationnel qui tente de garder les pieds sur Terre (ou sur une comète, en l’occurrence). Fantasio, quant à lui, se lâche totalement : toujours aussi gaffeur, râleur, et exubérant, il enchaîne les scènes comiques comme un champion du monde des catastrophes spatiales. Mention spéciale à Spip, qui continue de commenter les péripéties avec un humour pince-sans-rire qui sauve certaines scènes du trop-plein d’excentricité.


Côté visuel, Janry s’en donne à cœur joie. Les décors spatiaux sont superbes et les détails mécaniques de la machine de l’horloger donnent envie de sortir une loupe pour tout observer. Les planches regorgent d’énergie, avec des perspectives folles et des effets de mouvement qui donnent une vraie intensité aux moments-clés. Mention spéciale pour le design rétro-futuriste des machines : un mélange d’élégance steampunk et d’inventivité débordante.


Narrativement, Tome et Janry jouent la carte de l’originalité, mais pas sans quelques accrocs. Le concept de l’horloger, aussi brillant soit-il, souffre parfois d’un manque de clarté : entre les explications techniques et les allers-retours spatio-temporels, on perd parfois le fil… ou l’aiguille. L’humour reste présent, avec des dialogues savoureux et des situations absurdes, mais l’intrigue a tendance à s’éparpiller dans une débauche d’idées qui auraient mérité un peu plus de structure.


Là où l’album réussit vraiment, c’est dans son ambiance. L’Horloger de la comète dégage une poésie étrange, presque onirique, qui tranche avec le rythme souvent frénétique des autres tomes. Entre les voyages dans l’espace et les métaphores sur le temps qui file, on sent que Tome et Janry avaient envie d’explorer un ton un peu différent, plus contemplatif, même si le résultat n’est pas toujours totalement maîtrisé.


En résumé, L’Horloger de la comète est un épisode atypique et audacieux de la série Spirou et Fantasio. Si l’intrigue part parfois dans toutes les directions comme une horloge mal réglée, l’album séduit par son ambiance unique, ses visuels incroyables et son humour toujours bien dosé. Une aventure qui prouve que même quand ils s’attaquent aux mystères de l’espace-temps, Spirou et Fantasio restent des héros intemporels… à condition d’avoir une bonne montre en poche !

CinephageAiguise
7

Créée

le 17 déc. 2024

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