Depuis des lustres, je me promettais un retour aux sources de L’Incal, les 6 tomes de la série originale publiés de 1981 à 1988, un grand souvenir de jeunesse.
Alexandro Jodorowski y sublime son échec à monter Dune. Le scénario associe des emprunts au fabuleux space opera de Frank Herbert, la galaxie, l’empire mystique, la guilde, le mentrek conditionné, à ses propres obsessions, la guerre civile, la violence, l’alchimie... Avouons que le scénario est foutraque. L’intrigue est confuse – le mal techno opposé à la lumière ésotérique – et les héros stéréotypés – les supers guerriers (le Méta-Baron, le kamar Raïmo, Kill), les demi-dieux (Animah, Tanatah et Solune), un oxymorique oiseau de béton sentencieux et mon ami le minable détective privé de classe R John Diffool, lâche et concupiscent, authentique anti-héros dépassé par l’ampleur de sa tâche. Sauver le monde !
Mœbius propose un magnifique trait épuré, sans ombres ni décors, aux aplats de couleurs pastelles. Après avoir posé ses personnages, il les balade dans un univers extravagant, forêt de cristal et planète aquatique, vitesse lumière et infiniment petit, monde technophile ou souterrain. Tout va trop vite. Ses extraordinaires bâtisses ou machines n’ont droit qu’a deux ou trois cases, déjà elles explosent et cèdent la place à un univers différent. Il alterne de grandes compositions admirablement proportionnées et de petits gaufriers surchargés de textes, Jodo parle trop et manque d’humour. Le lecteur s’épuise à suivre une intrigue vibrionnaire, mais pourtant visionnaire et fondatrice de notre imaginaire.