Le scénario d' "Horologiom" respecte une logique on ne peut plus classique dans ce deuxième volume: les héros (un jeune homme, une jeune fille, et une figure paternelle) se dissimulent dans les profondeurs de la cité d'Horologiom, dont ils ont été déclarés les parias. On est donc clairement dans une phase de "descente" dans l'intimité psychologique. Sacharine souligne (planche 24) la rareté des rayons solaires à cette profondeur, tandis qu'on apprend l'existence de "béants", des passages qui conduiraient "vers le sol, vers cette terre oubliée sur laquelle repose la ville", en un mot la nature, la vérité, le réel perdu de vue par les responsables du délire anti-émotionnel d'Horologiom...
De fait, ici, les décors souterrains dominent sur les décors aériens: l' "Être Contraire" et le séide du pouvoir civil doivent effectuer une plongée plus ou moins spectaculaire pour traquer les héros. Les parties inférieures d'Horologiom sont assez fantastiques: toujours d'étroites passerelles sans garde-fous entre deux bâtiments-colonnes, des masques et mascarons anthropomorphiques aux expressions variées ici et là, de véritables bas-reliefs parfois cocasses ou inquiétants, de fréquentes dénivellations inexpliquées, des rampes en spirales en direction d'un labyrinthe, qui donne comme par hasard sur une bureaucratie...
L'action elle-même progresse peu: on n'insiste guère sur ce que les héros vont chercher dans les bas-fonds d'Horologiom; l'essentiel consiste en leur fuite et leur confrontation à ceux qui les traquent. Les héros font mieux connaissance: Sacharine raconte sa vie à Mariulo, tandis que ce dernier et Haxe commencent à se faire des sourires et des gentillesses, ce qui constitue un crime dans le monde d'Horologiom, qui bannit tout sentiment. Haxe en est, d'ailleurs, momentanément traumatisée... Mariulo apprend incidemment qu'il lui faudra un jour affronter le "Saint" (chef religieux de la cité): préparation téléphonée d'un affrontement décisif qui pourra renverser le pouvoir dans Horologiom. De son côté, le "prédicateur" semble avoir des problèmes de communication avec sa propre divinité, ce qui est quand même un comble.
En revanche, c'est dans la rigueur et la beauté des images qu'il faut chercher l'originalité: délicates nuances de couleurs, éclairages variés, visages plus ou moins caricaturaux des dirigeants de la cité, avec ce leitmotiv des nez crochus et pointus; bizarres passages pour piétons où l'on doit sauter du haut d'un plot à un autre entre deux abîmes... Pittoresque invention d'un "remonteur", pour une fois allié de Sacharine, qui s'exprime de manière assez familière...
Beau travail, à suivre !