- Il y avait plus de 1000 hommes à Sutter Camp. Un seul sillon pour évacuer tout ce que ce bourbier comptait de pourriture et de merde. Mais pour autant que je m'en souvienne, il puait moins que ma jambe. Avant de m'opérer Quint n'a dit qu'une chose : "tu te souviendras que ce n'est pas pour eux que tu m'as épargné, mais pour toi''. Ce fils de pute... il avait sacrément raison.
- En Chine, famille Lin avait rejoint rebelles Taiping contre Empereur. Soldats de l'empereur trouve Lin et demandent où sont ses parents et ses frères. Soldats... torturent Lin. Lin dit où sont parents et frères. Tous tués. Qui coupable ? ... Lin ou Empereur ?
Undertaker tome 4 : L'Ombre d'Hippocrate, des éditions Dargaud par le trio Ralph Meyer, Xavier Dorison et Caroline Delabie, est la suite directe de '' L'Ogre de Sutter Camp '', qui se terminait en grosse queue-de-poisson pour le lecteur mais aussi et surtout pour Jonas Crow avec l'enlèvement de la pauvre Rose par le chirurgien psychopathe Jeronimus Quint alias l'Ogre de Sutter Camp, qui laisse notre croque-mort préféré dans un triste état physique et mental. Pour cette suite, Jonas accompagné de Lin et de Jed, son vautour, se lance dans une course contre la montre avec pour objectif de délivrer la belle rousse amochée du scalpel du médecin fou avant que ceux-ci disparaissent totalement. Un quatrième périple armé de nombreuses répliques ironiques piquantes faisant l'esprit de cette franchise avec cette atmosphère cynique empreint d'un second degré glauque. Un grain de folie sur une ambiance grave, sérieuse, noire et pestiférée offrant un thriller sauce western divertissant dont on aurait tout de même pu espérer plus de générosité dans sa conclusion. Une conclusion enflammée laissant libre cours à une petite confrontation sympathique aux poings et aux colts qu'on a déjà eu l'occasion de voir, débouchant sur une confrontation finale attendue qui malgré la tension palpable véhiculée trouve une issue frustrante.
Le scénario pose intelligemment la psychologie des personnages qui gagnent en complexité, à commencer par Jeronimus Quint, qui se pose comme un antagoniste machiavélique saisissant avec son visage simplet et inoffensif qui n'est qu'une façade pour mieux tromper son monde. Un véritable manipulateur d'une intelligence supérieure à la norme. Jonas, notre cher convoyeur de la mort prend cher ! Qu'il soit nul autre que Lance Strickland, l'homme le plus recherché du pays avec une tête mise à prix à 25000 dollars, ne change rien aux difficultés qu'il traverse contre Quint qui fait office de parfait double maléfique à celui-ci. Dommage que l'équipe choc Jonas, Rose, Lin et Jed, le vautour, qui sillonnait le far west à bord du corbillard « Undertaker : Last & Wishes » prenne fin durant cette aventure. Une belle équipe de bras cassés qui va me manquer et qui se séparera sur des belles vignettes. Le duo que forme Jonas avec Lin est pétillant ! Un rapprochement bienvenu avec une Lin extraordinaire qui sera à l'origine d'une séquence hilarante qui m'a beaucoup amusé :
« - Lin reste avec Undertaker ! Pourquoi changer maintenant ? Lin... Les cadavres de Quint, ce sont autant les siens que les miens... Je suis pas sûr d'être prêt à en encaisser un de plus. Et encore moins si c'est toi.
- Undertaker va faire un petit effort.
- Tu sais ce que Dieu fit au 8e jour ?
- Non.
- Comme toi. Il ferma sa gueule.
- Hors de question que Lin...
- Désolé... C'est mieux que de truffer le cul de plomb.
- Non. Tu sais quoi Dieu fait le 9e jour ? Lui devenir sage... et obéir à la femme ! Évangile selon Lin ! »
L’ampleur du dessin est toujours là avec des décors qui trouvent un meilleur travail pour des plans nocturnes toujours aussi efficaces en matière d'ambiances oniriques. Les traits des différents personnages sont parfaitement ajustés dans une forme très appréciable. Certaines vignettes sont très satisfaisantes avec une palette de couleurs qui fait un boulot toujours aussi convaincant autour des jeux d'ombres.
CONCLUSION :
Undertaker tome 4 : L'Ombre d'Hippocrate, du trio Ralph Meyer, Delabie et Xavier Dorison, est un second diptyque totalement différent du premier avec une mouvance thriller dramatique bien plus prononcée qui offre une aventure très appréciable, qui malheureusement nous laisse un peu sur notre faim en matière d'action. Un western accrocheur et séduisant qui s'embourbe dans son propre récit au détriment du spectacle.
Une sympathique conclusion qui se contente de peu alors que ça aurait pu être énorme !
Qui veut jouer au docteur ? Prescription de L'Undertaker : « calibre 12 et 45... Quatre le matin... Plus personne le soir. »