L'Orme du Caucase est un recueil de nouvelle absolument magnifique. Magnifique de part sa bienveillance, son optimiste, sa simplicité, sa recherche d'humanité et de respect et de tolérance entre les hommes mais aussi avec la nature et les animaux.
Jiro Taniguchi n'est évidemment plus à présenter (Le Sommet des Dieux, Quartier Lointain, Le Journal de mon père) et il livre ici, encore une fois, une oeuvre fabuleusement dessinées. Les expressions sont toujours aussi riches, les personnages toujours aussi attachants et les décors somptueux. A travers une dizaine de nouvelles, Taniguchi et Utsumi délivre un message profondément humain et bon (La post face est d'ailleurs très intéressante pour comprendre le fond de l'oeuvre !).
Chaque nouvelle aborde des thèmes de tout les jours : la relation entre frère/soeurs, la perte d'un être cher, la vieillesse, le conflit de génération, homme/nature, la filiation, le divorce, la séparation, le choc culturel. Par des nouvelles tout aussi fine et intime les unes que les autres, les auteurs font ressortir ce qu'il y a de bon dans l'Homme. Aussi simplement que ça. On se prend à admirer deux vieillards sauvant un Orme, à être ému devant les retrouvailles d'une belle-mère et de sa belle-fille française (scène finale magnifique). De plus, les dialogues sont écrits avec une justesse que je jalouse : "l'Orme habitait ici avant moi [...] mais le vrai problème, c'est l'égoïsme de ceux qui sont arrivés après lui".
Plus personnellement, j'ai adoré la nouvelle "L'Orme du Caucase" qui ne tient à rien mais en dit tellement sur notre rapport à la nature. "Le Cheval de Bois" et "La Petite fille à la Poupée", sont aussi deux récits superbe qui impressionne par leur finesse et leur réalisme.
Constructif, sociologique, historique, humain, L'Orme du Caucase prouve encore une fois qu'il ne faut pas grand chose pour faire une oeuvre puissante. De part des récits de vies touchants, intéressants traitant pour la plupart du lien familiale et de la filiation, Taniguchi et Utsumi proposent une oeuvre bienveillante et presque indispensable. Comme d'habitude on retrouve une forme de portrait sociétale à la fois réaliste et presque violent de la part des auteurs quand on voit les pressions que certains individus peuvent ressentir notamment dans "La Vie de mon frère" ou "Les Environs du musée". La plus forte étant certainement "Parapluie" qui se rapproche quelque peu de Journal de mon Père de part son sujet.
Bref, lisez ce recueil !