Première œuvre de Mathieu Bablet, la Belle Mort est une BD largement plus complexe qu'il n'y paraît et fusionnant plusieurs genre. Cette critique contiendra, je vous préviens, quelques spoilers. Soyez assuré d'avoir lu cette BD avant de lire les lignes suivantes tant la qualité de la BD repose, entre autre, sur la découverte.
La fin du monde a eu lieu, une menace inconnu a détruit presque entièrement l'humanité. Presque car quelques humains ont survécu, une poignet. Trop petite pour proposer un avenir, trop grande pour ne pas interagir entre eux.
Cette BD va nous montrer l'évolution de ces humains et comment ils avancent dans un monde aussi anéantis. Comment vivre dans ce cas là ? Globalement trois figures se font voir : celui qui agit par automatisme, en répondant aux devoirs sociaux de guide, de père presque. Ironique quand on découvre combien ce personnage n'assumait pas ses devoirs de père avant l'apocalypse. Est-ce que vivre c'est interagir comme la société nous a programmé ? Que faire alors sans cette société si ce n'est imploser ?
On nous propose à côté de cela deux autres chemins : celui d'une vie simple, où le but est la recherche d'une image fugace de bonheur, totalement éphémère. L'autre chemin est celui du titre : la Belle Mort. C'est-à-dire agir au-delà de ce qui ne fut jamais accompli, non pour la postérité, mais pour soi-même, pour savoir à l'instant de sa mort que l'on a eu un impact.
Ce sont donc des questions sur la vie même que La Belle Mort nous propose. Des réflexions puissantes et intéressantes.
A côté de ça, toute la thématique de la survie est extrêmement bien exploitée. L'ambiance crépusculaire de ce monde déserté est très bien mis en scène. C'est incroyable, magique même !
L'aventure qui arrive ensuite n'est pas inintéressante et offre même des idées très novatrices avec les différences entre les esprits individuels, les esprits collectifs et enfin une âme immortelle. Ces idées sont très bonnes.
Le combat final est bien mis en scène, ainsi que les différents rebondissement que l'on a, avec la découverte de la survivante.
Malheureusement, il y a une facilité scénaristique un peu grossière avec ce personnage prophète, connaissant tout dans le moindre détail. La fin, un peu rapide, est facile et n'offre pas tant des réponses que des grandes facilités. Ce n'est pas grave de ne pas tout savoir, mais il est évident que des zones d'ombres servent ici à aider le scénario, pour l'amener vers une sorte de série B pas forcément très inspiré.
Ainsi, la première moitié est splendide, parfaite, avec une âme, une réflexion, et une beauté graphique réelle (avec ces grands espaces). La seconde moitié se dirige vers des choses plus évident, sur des schémas plus faciles, et finalement quelque chose de moins complexe.
Mais des idées, des exploitations et des dessins parviennent à être si réussi qu'on ressort de La Belle Mort avec une goût de pleine satisfaction.