La Bibliomule de Cordoue, c’est l’histoire d’un héros à quatre pattes qui, au lieu de sauver des princesses ou de bouter des méchants hors du royaume, trimballe des bouquins en péril dans un monde où la bêtise humaine semble décidée à éradiquer la culture. Si ça, ce n’est pas une allégorie de nos bibliothèques en 2021, alors je ne sais pas ce que c’est.
Wilfrid Lupano, qu’on connaît pour ses scénarios plein de mordant, nous livre ici un récit mêlant érudition, humour et péripéties dignes d’une odyssée avec un âne philosophe en guise de mentor. Léonard Chemineau, lui, transforme chaque page en tableau vivant où la poussière des manuscrits semble encore virevolter. Mais attention, ce n’est pas juste un roman graphique pour intellos ! C’est aussi une aventure rocambolesque où les bastons, les dialogues cinglants et les situations absurdes se succèdent à un rythme effréné.
Le pitch ? Sauver les manuscrits précieux d’une bibliothèque andalouse menacée par des illuminés qui pensent que "savoir lire, c’est le début des emmerdes". Et pour cela, rien de tel qu’une mule un peu bourrue, un moine passionné de livres et un fugitif plutôt attachant. Une équipe improbable, mais efficace, qui dénonce à coups de calembours et de réflexions bien senties cette vieille manie de l’humanité à vouloir cramer ce qu’elle ne comprend pas.
Les dialogues sont aussi savoureux que des churros trempés dans du chocolat bien noir : ça croustille, ça pique, et ça laisse un petit goût de "j’en veux encore". Quant aux thématiques abordées – la préservation du savoir, la transmission des idées, la lutte contre l’obscurantisme –, elles sont d’une actualité désarmante, enrobées d’un humour qui désamorce tout prêchi-prêcha.
Bref, La Bibliomule de Cordoue, c’est une pépite visuelle et narrative qui rappelle que sauver un livre, c’est sauver un monde. Et qu’en prime, avec une mule pour protagoniste, on évite la prise de tête : ça brame, ça râle, mais ça avance.