Fournier parti, il fallait un nouveau repreneur pour SPIROU & FANTASIO. L’idée étant de revenir aux fondamentaux, à savoir que Spirou soit présent de manière ininterrompue dans son journal comme durant l’âge d’or, il fût donc décidé de confier la série à plusieurs équipes. La première, constituée de Nicolas Broca et Raoul Cauvin, créa donc La Ceinture du grand froid en 1981-82 après "Le Fantacoptère solaire" (1980) et "Allez Champignac !" (1981) suivis de "La Voix sans maître" (1981) et "Gare au cliché" (1981) de Tome & Janry, la seconde équipe. Ces derniers reprirent le relais avec "La Menace" (1982) et vint "Cœurs d'acier", projet parallèle d’Yves Chaland qui resta inachevé et auquel succéda l’excellent Virus (1982). Puis revint le tour de Nic & Cauvin avec La Boîte noire en 1982. Ce fut ensuite à Tome & Janry de faire paraître "Le Groom du président" (1982) avant que La Boîte noire-deuxième partie (retitrée Les Faiseurs de silence pour la publication en album) ne reprenne la place en 1982-83.
En supplément au commentaire de La Ceinture du grand froid, on peut dire que La Boîte noire, qui n’est certes pas un grand moment de SPIROU & FANTASIO, n’est pas pire que Le Faiseur d'or, L’Abbaye truquée ou Du cidre pour les étoiles. Le dessin de Broca est froid, trop simplifié, manque de créativité et les proportions des personnages sont mauvaises (celles pratiquées par Fournier à partir du cidre pour les étoiles ne le sont pas moins - voir Spirou et son énorme tête).
Pour ce qui est du scénario de Cauvin, ça aurait pu être plus fouillé, mais on ne peut nier qu’avec un dessinateur plus doué, ça aurait peut-être relevé le niveau.
En revanche, Cauvin est vraiment au niveau zéro de l’inspiration dans Les Faiseurs de silence, et prolonger une nouvelle fois cette histoire de boîte noire trahit un manque évident d’intérêt pour ses personnages ; ce qui n'est pas surprenant, vu le mépris de la direction de Dupuis à l'égard des auteurs. On ne s’éternisera pas sur le pompage de La Bulle du silence (heureusement citée in extremis par un astérisque) et on s’empressera d’oublier ces deux albums.