Ce qui marque très fort dans le personnage de Batman, c’est sa dureté, autant envers les autres qu’envers lui-même. Knightfall cherche la faille dans l’armure menant à une chute inévitable…
Batman est épuisé, autant moralement que physiquement. Il lui faudrait du repos, une thérapie, mais il n’en est plus question lorsque Bane, criminel inconnu du chevalier noir, fait évader les plus grands super-criminels d’Arkham. Son but ? Pousser Batman au bord du gouffre afin de le détruire…
En lisant Knightfall, on se rend vite compte que tout ce qui est décrit était inévitable. Partout ailleurs, on voit Batman triomphant, imposant sa loi aux criminels. Repoussant toujours plus loin les limites de son corps, mais également de son esprit. Il s’implique en effet très fort émotionnellement, même s’il n’en laisse souvent rien paraitre, stoppant les crimes, sauvant des vies, même de ceux qu’il déteste. Revivant sur chacune des scènes de crime la nuit fatidique où il perdit ses parents. La question est donc : quand craquera-t-il ?
Et c’est l’intelligence de ce récit, nous montrer un héros affaibli, incapable de maitriser ses émotions, même devant les autres, chancelant à chaque pas, perdant de sa superbe de case en case, mais continuant à défendre ses principes, malgré le jeu pervers de Bane.
L’idée de départ (surfant sur le succès de La Mort de Superman) est donc assez bonne. Si j’avais un reproche à formuler, plus à l’univers de Gotham en général qu’à cette série en particulier, c’est le ressort assez lourd de l’évasion d’Arkham : on veut faire chier Batman ? C’est pas compliqué, suffit d’un lance-roquettes, d’aller à Arkham et boum ! Batman est reparti combattre tous ses ennemis vaincus pendant 200 pages. Toutefois, les affrontements mettent en évidence toute la fragilité du héros, et force est de constater que le scénar est solide et fonctionne bien. Difficile également de ne pas être fasciné par Bane l’implacable, si maitre de lui dans un monde de fous, et de ne pas ressentir de l’empathie envers des personnages habituellement secondaires : Bullock et Tim Drake notamment.
Graphiquement, je n’ai pas directement accroché au design, à la fois classique et dur. Il sert néanmoins parfaitement bien le propos et sait être dynamique lorsque c’est nécessaire.
Knightfall est donc très convaincant, en plus de constituer un peu les chroniques d’une mort annoncée version DC. Contient tous les ingrédients qui contribuent à rendre un récit culte.