La Cité Saturne par Kameyoko
La Cité Saturne a pour lui deux points : son décor et ses tranches de vie.
Le premier point, le décor, est un excellente idée pour installer une histoire, des personnages et l'ambiance du titre. Ce choix conditionne pour beaucoup l'excellente impression que laisse ce titre.
En effet, l'histoire se place dans un anneau orbital à 35000 mètres d'altitude où vivent les hommes, la Terre étant protégée. Cette structure se décompose en 3 étages. L'inférieur est le lieu de résidence des personnes aux revenus modestes. L'étage intermédiaire est celui de l'administration et de l'Etat. L'étage supérieur est réservé aux gens les plus aisés.
C'est dans ce contexte qu'évolue le jeune Mitsu en tant que laveur de vitres extérieures. Ce métier est dangereux parce qu'il se fait à l'extérieur de l'anneau et est donc soumis aux aléas de l'espace (vent...). Mais ce métier revêt une certaine importance, puisque c'est grâce aux nettoyeurs de vitres que les gens des niveaux intermédiaires et supérieurs (enfin la plupart du temps) peuvent bénéficier de lumière naturelle.
Evoluer dans l'espace permet à Mitsu de voir la beauté de la Terre, et de comprendre l'attirance qu'avait son père pour la planète bleue.
Ce décor place ce manga dans un univers de science-fiction. Pourtant, hormis ce contexte, l'avancée technologique et l'aspect scientifique n'est pas très présent (même si on retrouve des thèmes forts de SF comme la lumière et la nature artificielle, la vie hors de la Terre, et la disparition des espèces). On ne se sent pas tant que ça dépaysé.
Le deuxième point fort de ce titre est l'aspect « tranches de vie » de Mitsu, Jin et des clients. Il y a certes, une partie de quête initiatique du héros, qui va chercher à répondre à ses questions concernant la mort de son père et ce coté découverte du métier, mais il y a aussi une grosse part de tranches de vie, souvent par le biais de ses missions.
Au travers de ces passages de la vie quotidienne, le lecteur appréhendera mieux le fonctionnement de l'anneau, notamment une certaine « lutte des classes ». Mais Hisae Iwaoka propose une réflexion intelligente, sans sombrer dans le pathos, les clichés et un coté militant.
Les personnages croisés au cours des missions, sont intéressants, touchants et simples. Tout ça confère à ce titre un coté poétique, contemplatif, heureux mais réaliste.
Mais forcément, quand on décrit des scènes de vie, des petites histoires, il faut s'attendre à un rythme plus lent que ce que l'on a coutume de lire. Donc oui, le rythmé est lent, mais il permet de profiter pleinement de la richesse de ce titre et de son univers si particulier, si poétique et onirique.
C'est un titre vraiment très humain dont il se dégage une sensibilité presque palpable. Les personnages principaux sont très vite attachants notamment le héros avec son coté positif et sa chaleur humaine. Jin, le partenaire et le formateur de Mitsu est touchant. Son registre est plus dans la retenue, mais il est poignant et attachant.
Les autres personnages ne sont pas en reste, mais sont un peu moins développés, même si le personnage de Tamachi est intrigant.
Outre le rythme qui est vraiment lent, le seul défaut de ce titre est pour moi le charadesign. Le graphisme global n'est pas mauvais du tout, avec un beau trait, un tramage adéquat et discret, et une certaine finesse dans les décors. Cependant, dès qu'on touche aux personnages, c'est là que le bât blesse.
Les personnages ont de mauvaises proportions, avec un visage très rond et épuré voir simpliste. Pourtant, ils sont assez expressifs. Mais compte tenu du reste, le chara-design fait un peu tâche. Je n'ai pas aimé, j'ai eu du mal à m'y habituer, et je trouve qu'on a du mal à différencier les personnages. Ce coté peut rebuter si l'on feuillette ce volume.
Pour conclure, c'est une bonne surprise que ce « La Cité Saturne« , qui est simple mais touchant et poétique. Certes le rythme est lent et le charadesign très limite, mais le reste est à découvrir. Il y a un coté SF intéressant, qui place le contexte, des personnages attachants et une ambiance singulière, poétique et qui sent bon la simplicité.
Il manque pour l'instant une trame plus globale, mais ce premier volume donne envie d'en savoir plus. C'est un titre prometteur et intelligent. je vais continuer à suivre « La Cité Saturne »