Léo est un jeune homme qui rêve de devenir un jour un grand écrivain. Mais il en est encore loin. En attendant de décrocher un jour le Goncourt, il travaille dans une laverie automatique à Paris. Forcément, il y a plus inspirant, comme endroit… Malgré tout, c’est là qu’il croise un soir par hasard son cousin Sylvain, qu’il avait perdu de vue depuis des années. Coup de chance: son cousin plutôt flambeur, au look de jeune premier et à la voiture de sport rutilante, lui demande d’aller passer quelques semaines dans sa maison de vacances au bord de la Méditerranée, histoire de surveiller les ouvriers qui y font des travaux. Sylvain, lui, ne peut pas y aller, vu qu’il part en croisière avec sa maîtresse. Evidemment, Léo saute sur l’occasion. Pour le jeune homme sans le sou, c’est une chance en or de passer des vacances tous frais payés. Dans un décor aussi paradisiaque, il trouvera peut-être l’inspiration pour commencer à écrire son roman. Dès le lendemain, Léo débarque donc dans la villa de Sylvain, qui bénéficie d’une superbe vue sur la mer… mais aussi sur la magnifique villa d’architecte qui se situe juste à côté. En observant ce qui se passe dans cette maison aux grandes baies vitrées, Léo ne tarde pas à être complètement fasciné par Rose, sa jeune voisine, au caractère plutôt capricieux et orageux. Au fil des jours, il ne peut s’empêcher d’observer Rose depuis sa terrasse alors que dans le même temps, la police mène l’enquête sur deux mystérieuses disparitions dans la région…
Il y a trois ans, Lucas Harari avait marqué les esprits avec une première BD qui s’appelait "L’Aimant". C’était déjà un livre très original et très graphique, qui racontait l’histoire d’un jeune étudiant parisien complètement obsédé par un bâtiment architectural en Suisse. Après ce coup d’éclat, le nouvel album de Lucas Harari était très attendu. Et on n’est pas déçus, parce que "La dernière rose de l’été" se révèle encore plus réussi que "L’Aimant". D’un côté, c’est un thriller sensuel et captivant, dans lequel la tension monte au fil des pages, et de l’autre côté, c’est un album à l’esthétique très soignée, avec des couleurs magnifiques et des dessins à la fois vintage et modernes. Ce qui frappe dans cette BD, c’est que chaque case peut être admirée isolément. La plupart d’entre elles ressemblent carrément à des petits tableaux. Lucas Harari a des parents architectes et il est diplômé des Arts déco de Paris. Forcément, ça se ressent dans son travail. Grâce à un art de la mise en scène et à des cadrages très travaillés, "La dernière rose de l’été" est une BD qui parvient à installer une ambiance lumineuse et estivale. Au fil des pages, on a presque l’impression de ressentir le soleil de l’été et d’entendre le bruit des vagues. Bien sûr, on devine que Lucas Harari, dont les deux frères travaillent dans le cinéma, est également un grand cinéphile. On pense forcément à des films comme "La mort aux trousses" d’Alfred Hitchcock, dans lequel une villa d’architecte joue également un grand rôle, ou "Le mépris" de Jean-Luc Godard, dans lequel Brigitte Bardot bronze nue sur une terrasse, avec derrière elle le bleu intense de la Méditerranée. Pour ne rien gâcher, "La dernière rose de l’été" est un magnifique objet, qui trouvera facilement sa place dans la bibliothèque d’une villa luxueuse. Le format de cette BD est inhabituellement grand (24,2 x 32,5 cm) et ses pages sont imprimées sur du papier épais, qui met superbement en valeur le travail de dessinateur de Lucas Harari. Autant dire que c’est l’un des gros coups de cœur de cette rentrée!
Plus de critiques BD sur mon site AGE-BD.