Le trait net, puissant et quelque peu expressionniste de Jeff Smith donne beaucoup de séduction à cette geste dans la lignée du "Seigneur des Anneaux". Les mignons personnages des Bone, ronds et indifférenciés comme des hobbits, rationnels et contrastés pour être plus proches de nous (Fone le héros moral amoureux de Thorn, Phoney l'escroc toujours en quête de quelque filouterie, Smiley le naïf gaffeur souriant), la vieille Mamie Ben, à qui on ne la fait pas, et qui résiste aux pires avanies, Thorn la princesse adolescente, qui doit découvrir jusqu'à quel point elle dispose de pouvoirs magiques, et dans quelle mesure elle se trouve contaminée par la magie du maléfique Seigneur des Criquets.
Tout ce monde évolue dans un monde dont la topographie est cartographiée, et bien repérable dans les tribulations des personnages. Chevalerie, moines, mystique, magie, dragons amoraux, monstres, échanges aigre-doux entre héros aux désirs fort différents, tout ceci donne à cette saga une atmosphère prenante, et emporte l'adhésion en dépit du caractère féérique du monde dans lequel l'action est d'emblée introduite.