Sur l’île d’Ici, tout est uniformisé, rien ne doit dépasser, se différencier du reste. Au sein de ce morne environnement, Dave évolue sans passion, ses journées sont uniquement animées par le plaisir de dessiner la rue devant chez lui et agitées par un bien curieux poil de moustache. Tout bascule le jour où ce poil solitaire se met à pousser, devenant une grosse moustache puis une longue barbe, une très longue barbe, incontrôlable, cataclysmique. C’est alors que la triste quiétude des habitants d’Ici est bousculée. Ils sont d’abord fascinés par l’irruption de cet incongru pelage, puis rapidement effrayés par la démesure pileuse de ce phénomène. Par l’entremet de cet apocalypse touffu, Stephen Collins nous offre une bd pleine d’humour et de poésie, modestement géniale. Une apologie du désordre, véritable ode à l’incongru, dont les dessins délicatement crayonnés sont comme une invitation à l’évasion, et accessoirement la plus belle déclaration d’amour aux poils.