Le chef d'oeuvre de Peyo !

Je crois que je ne ne me lasserai jamais de chanter les louanges de cet album de Peyo. Son chef d'œuvre parmi les chefs d'œuvres. Oubliez les albums des Schtroumpfs, les aventures de Poussy ou Benoit Brisefer. Le tandem Johan & Pirlouit est sa meilleure création, et "La Guerre des 7 fontaines" le pinacle de leurs aventures. Peyo a mis tout son art dans cet album. Que ce soit dans son dessin, magnifique, comme dans ses mécanismes narratifs et son sens du gag bonhomme et jamais méchant.

Quand on fait l'inventaire sommaire de cet album, on se rend bien compte que tout ce qui fait une bonne aventure y est. On a un fantôme, des sorcières, des schtroumpfs, des batailles et siège de château fort, le tout sur un fond de complot autour d'une querelle de succession agrémentées de disputes terribles... Et pourtant, l'intrigue est fluide, légère malgré sa densité.

L'album est divisé en deux intrigues principales, elles mêmes subdivisées en plusieurs axes. La première nous entraine dans la quête de nos héros à lever la malédiction des 7 fontaines. En effet, le Fantôme Aldebert de Beaufort ne peut rejoindre ses ancêtres du fait de ses erreurs d'ivrogne passées et doit hanter son château tant que l'eau ne coulera pas en son fief abandonné et qu'un Beaufort ne revienne diriger le château... Bien entendu, Johan et Pirlouit décident de lui venir en aide. Entre l'histoire poignante du fantôme et l'énigme pour inverser le sort fatidique tarissant les sources, on a déjà là un album baignant typé le conte de fée moyenâgeux exceptionnel.

Mais le meilleur est à venir. L'intrigue politique débarque sans prévenir dès que les terres des Beaufort redeviennent enviables. Johan & Pirlouit, décontenancés, sont pris à parti, et n'ont plus d'autre solution que de découvrir au plus vite qui est le véritable héritier... Mais cela ne suffira pas ! Le bon droit ne triomphera qu'à coups d'épées sur plastrons fendus...Les batailles sont superbement dessinées, ainsi que la mise en scène des protagonistes au sein du château. La variété des décors en un seul lieu est extraordinaire... Le nombre des personnages, effarant dès que les prétendants débarquent, n'empêche pas Peyo de tous les doter d'une personnalité propre, entre le colérique, le benêt, le rusé et la brute... Trognes croquées, attitudes et éléments de langages, aucun n'est interchangeable.

Et puis bon sang les gags. C'est un fou rire perpétuel. Peyo dessine pour nous distraire, et il distrait d'une main de maitre. Alors qu'on aurait pu s'attendre à une sorte de couronnement pompeux (à l'instar du "Serment des Vikings") pour achever l'album, il n'en est rien. Pirlouit, dans une dernière pirouette, signe tout simplement la meilleure farce de toute sa carrière. Et son fou rire final est irrésistiblement contagieux.

Bref, un vrai bonheur, à lire et relire !