La Ligue des gentlemen extraordinaires, c'est une espèce de gigantesque n'importe quoi, une bande de "héros" de littérature du XIXème siècle (Wilhelmina Murray dirigeant Capitaine Némo, Allan Quattermain, Hawley Griffin, Dr Jeckyll alias Mr Hyde...) recruté par un ancêtre de James Bond pour mener une mission secrète pour le compte d'un mystérieux "M."


Mais quand le scénariste s'appel Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta, From Hell), un regain d'intérêt se manifeste, et on s'empresse de se procurer la dite bande dessinée...


Alors, pour un scénario signé Alan Moore, c'est remarquablement accessible. Nous ne sommes pas du tout dans une oeuvre exigeant concentration et analyse pour apprécier l'ensemble de l'oeuvre. Nous sommes dans une bande dessinée d'aventures. Une vraie. Avec enquêtes, complots, méchants, retournements de situations et alternoiements de personnages.


Ca se lit très facilement, c'est distrayant. Au bout d'une première lecture, (car nous sommes formatés SC à présent), on a envie de mettre 7. L'oeuvre d'Alan Moore semble récréative, légère, on est surpris d'une telle inscouciance...


Et puis on commence à s'intéresser au travail de fourmi d'Alan Moore. Un background incroyablement développé, un perfectionnisme allant jusqu'à la mise en scène de l'album lui même, présentant son auteur comme un raté du cirque mort en 1905, son dessinateur n'ayant une biographie également bien peu glorieuse... La mise en page ressuscite les revues bon marché du début du siècle, les illustrations "gravure", les avertissements désopilants au début de chaque chapitre avertissant les jeunes femmes de cesser la lecture pour préserver les bonnes mœurs...


Nos héros ne sont pas les seuls à camper d'anciens personnages glorieux d'aventures du XIXème siècle. Quasiment chaque personnage est issu d'une oeuvre, les ramifications s'étendent incroyablement loin pour créer un monde cohérent où les auteurs (Jules Vernes, Bram Stoker, etc) sont des biographes, et leurs personnages des êtres bien réels, magnifiés dans leurs aventures de papier.


La Ligue des Gentlemen Extraordinaires n'est pas une simple uchronie, mais un véritable pot pourri d’œuvres qui ne se contentent pas de s'accumuler grossièrement, mais qui s'harmonisent pour devenu un seul univers, cohérent et équilibré.


Le point fort de l'oeuvre au delà de son univers repose sur la relation entre les personnages. Entre un Quattermain héros du colonialisme et un Némo combattant tout forme d'impérialisme, on imagine les étincelles... De fait "Gentleman" est le terme définissant le moins bien chaque membre de l'équipe. Pervers, sanguinaire, drogué, psychopathe... Les tares de chacun offrent des confrontations réjouissantes au fil des pages.


L'aventure de ce premier tome est longue à se mettre en place, étant donné le temps nécessaire à présenter chaque personnage (mention spéciale à l'entrée en scène de l'homme invisible!)... Mais insistez un peu, le deuxième tome est absolument exceptionnel.


Côté dessin, on aime ou pas, mais Kevin O'Neill apporte une touche rétro très agréable et collant parfaitement à l'univers imaginé par le décidément fantasque Alan Moore.


A lire absolument.


Critique de tome 2.

Créée

le 19 juil. 2011

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Hypérion

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