La loi des probabilités est un ouvrage que j’ai découvert à l’occasion d’une critique élogieuse dans la revue dBD. « Que faire quand on apprend que l’on a plus que 3 mois à vivre ? ». Voilà une question originale et non dénuée d’intérêt. J’étais curieux d’en découvrir le traitement par le scénariste Pascal Rabaté dont je garde un joli souvenir de son Les Petits ruisseaux découvert il y a plus de dix ans maintenant. La subtilité de ses propos m’avait alors beaucoup touché. J’en attendais donc tout autant de ce nouvel album mis en image par François Ravard dont je découvrais ici le travail.
La quatrième de couverture présente l’histoire avec les mots suivants : « Que faire quand on apprend que l’on a plus que 3 mois à vivre ? Martin Henry veut aller voir les baleines au Canada. Un rêve sans cesse repoussé qu’il doit accomplir… mais le voyage ne va pas se passer comme prévu. Quiproquos improbables, timing impeccable, clins d’œil aux maîtres de la comédie visuelle, d’Hergé à Tati… La probabilité que l’on passe un bon moment est très élevée ! »
Martin a rendez-vous chez le médecin. Il vient récupérer les résultats d’un examen de routine. Mais cet événement du quotidien prend une tournure dramatique quand le praticien annonce à son patient qu’il ne lui reste que trois mois à vivre. Martin ne sait pas comment réagir. Que faire ? Comment l’annoncer à sa femme ? Passer le désespoir initial, son épouse et lui décident de profiter pleinement de leurs derniers moments ensemble en allant voir les baleines au Canada…
Le principal bémol de l’intrigue réside dans le fait que le ton dramatique et triste disparait immédiatement après être apparu. En effet, un événement improbable change radicalement l’atmosphère pesante de la lecture qui venait à peine d’être installée. Pourquoi nous annoncer si vite que le destin de Martin n’est pas celui qu’on pensait ? Quelle route le scénario va-t-il choisir après ce virage radical ? Que va devenir cette histoire qu’on pensait rude et dramatique : une comédie, une chronique sociale ou tout autre chose ?
Rapidement, la question est la suivante : que va devenir ce périple au Canada ? Certains événements lors de l’arrivée du couple sur place font sourire et font croire que le ton va s’orienter vers l’humour et la drôlerie. On comprend rapidement que ce ne sera pas totalement le cas. Une réflexion sur le sens de la vie ? Non plus. Le ton dramatique est également mis de côté. Finalement, j’ai le sentiment de percevoir beaucoup de saveurs mais hélas trop diluées. J’ai l’impression qu’aucun ingrédient n’a suffisamment de force ou d’intensité pour l’emporter sur les autres, offrir un ton clair à l’histoire et rendre ainsi la lecture captivante !
On suit donc le séjour canadien d’un homme qui pense vivre ses dernières semaines. Se succèdent ainsi des événements de vacances relativement légers. Certaines rencontres faites par le couple font sourire sans déclencher pour autant un enthousiasme dingue. Les petits soucis des vacances, l’émerveillement de certaines visites, le dépaysement lié à la rupture avec le quotidien… Les étapes classiques du genre sont toutes présentes. L’ensemble reste agréable à défaut de me passionner complètement. Le fait que les enjeux soient assez factices empêchent l’intrigue de prendre réellement son envol.
Au final, mon avis est mitigé. L’idée de départ que je trouvais attrayante a finalement accouché d’une souris. J’ai eu du mal à entrer pleinement dans l’histoire. Les personnages sont sympathiques mais je ne m’y suis pas vraiment attaché. Les dessins font le travail sans pour autant sublimer l’ensemble. Le choix chromatique de naviguer uniquement dans des tons bleus s’accorde avec l’atmosphère générale de l’ensemble : agréable mais sans piquant…