Une poupée avec un cerveau !
Selina Kyle ne semble pas avoir appris des évènements tragiques qui l'ont frappée récemment et continue sa vie remplies de sensation fortes, au grand dam de sa nouvelle colocratrice Gwen. Elle va cependant faire des rencontres intéressante, comme un certain Spark, avec qui elle va décider de s'associer dans le "crime" et dans le reste aussi, à défaut... Car quand elle tombe sur un kidnappeur et présumé tueur en série de prostitué, elle va se sentir obligé d'intervenir... Son coeur balance entre criminalité et héroisme, il faudra bien qu'elle choisisse un jour !
Et moi j'aime bien ce que fais Judd Winick du personnage. Ok, l'héroine se met toujours dans des situations improbables, elle est autant hypersexualisé dans sa représentation graphique (merci Guillem March) que dans son attitude... mais c'est aussi une nana forte, avec un coeur, des émotions, et une féminité que je trouve "juste". Elle n'a pas froid aux yeux, elle est loin d'être une demoiselle en détresse, elle a du coeur, elle aime le danger, c'est un personnage fort et complet. C'est une femme impressionnante qui impose le respect et dépasse très largement l'objet sexuel pour ado attardé. Bien évidemment, qu'elle est sexy... Une catwoman moche qui n'a rien pour elle, ça serait "out of character", mais bon sang, je ne comprend pas ce qu'il y a de choquant là dedans. En plus, même Guillem March fait des efforts pour ne pas la mettre toutes les deux cases dans une position physique embarrassante (même si ça arrive un peu, mais sans exagération). Non vraiment, je comprends tout à fait la stupidité de l'hypersexualisation des femmes (et des hommes) dans les comics, mais ici, le propos est vraiment secondaire et sert le personnage plus qu'il ne lui fait défaut. Car l'écriture de sa caractérisation change pour le coup, vraiment la donne.
De plus, l'héroïne est dans ce numéro (comme dans le précédent finalement), entourée de personnages secondaires attachant (pour la plupart) et qui ont tous un rôle à jouer dans l'histoire de la féline ! Gwen, la copine protectrice; Spark, le camarade des coups fourrés, emprunt de mystère; et le detective Alvarez, qui a une légère obsession pour Catwoman... Sans oublier Batman qui n'oublie pas de faire son apparition ! Mais pas d'abus là non plus, et pas de scène "outrageusement choquante" pour les plus prudes d'entre vous. Des relations parfois ambigües, mais développé avec une certaines justesse, là encore. Même si on ne peut éviter certain clichés (surtout sur Gwen, même si la fin du tome vient un peu briser cette impression... ce n'est pas peu dire), on est quand même dans du développement que je qualifierais d'intéressant.
Le bémol finalement, c'est l'intrigue un peu alambiqué et improbable. Les "pas de chances" et les scénarios qui se croisent comme par magie... même si pour le coup, l'intégration de la Nuit des Hiboux dans ce titre est peut-être bien moins couillonne que dans la majorité des autres titres de la Bat-Family. Mais c'est vrai que bon, tout s'enchaîne un peu trop facilement. Après, cela permet aussi d'avoir une lecture fluide et sans trop de prise de tête. C'est certes improbable, mais ce n'est pas non plus illogique. Ce qui fait vraiment tache sans doute, c'est finalement le méchant de l'histoire (le vrai, si on passe les sous-intrigues qu'il y a derrière tout ça). Ce fameux Dollhouse. Il est assez naze et peu développé. Il s'attaque aux prostitué, c'est bien là son seul coté "intéressant" mais seulement parce qu'il permet de mettre en évidence le "coeur" de Catwoman. Qui deviendra une héroine malgré elle.
Je l'ai déjà plus ou moins dit mais Guillem March s'en sort ici admirablement. C'est propre, c'est beau, c'est coloré, les expressions faciales sont fabuleuses... Je pense notemment à une scène où Catwoman doit choisir entre se tirer et sauver le Penguin... son visage se referme, comme si elle regrettait d'être ce qu'elle est... avec la décision qui va avec. Ce visage si expressif ne la rend que plus attachante. Plus importante. Et on comprend pourquoi Spark tombe dans ses bras. C'est elle qui mène la danse, elle ne le sait pas toujours, mais c'est parfaitement retranscrit à l'image. Et je crois que je suis amoureux en fait ! Pas de sa plastique, ou pas seulement, ne soyons pas hypocrite, mais c'est avant tout sa personnalité qui me touche.
Un tome un peu foufou, avec une intrigue parfois tirée par les cheveux mais qui ne dépasse jamais (ou rarement) les bornes de la stupidité. Le point fort, je vais me répéter, mais c'est le personnage. Catwoman n'a jamais eu autant de personnalité je pense. Un comble quand on voit tout le patacaisse qu'à générer le comics à ses débuts de publication. Judd Winick n'a pas eu froid aux yeux et a continué son développement. Et moi, ben, je trouve ça plus que réussi. Un excellent tome en ce qui me concerne, même si tout le monde ne le pense pas ! Et je ne vous parle pas de la fin renversante et choquante du titre, qui montre toute l'importance que peut prendre les personnages secondaires. Un peu démesurée sans doute, mais passionnant !