Mariage blanc et idées noires

Le début de ce second tome prolonge le thème de l'aide sociale aux immigrés. Il s'y révèle l'oppression et la misère qui pèsent souvent sur les femmes et les filles maghrébines, en particulier lorsqu'elles ont un enfant en dehors des cadres rituels. Les ruses abjectes des islamistes qui infectent les banlieues françaises sont également évoquées.

Par contre, la suite du récit s'englue dans une saga familiale assez oppressante, avec les frustrations et les non-dits des uns et des autres. Très humain certes, mais ça fait quand même un peu sacs de noeuds de la part d'adultes dépassés par leurs propres passions. Sidoine, 72 ans, contracte un mariage blanc avec une fille de 20 ans afin qu'elle ait les papiers pour pouvoir rentrer tranquillement en Algérie. Faut quand même avoir un petit grain pour en arriver là. Sidoine, probablement Juif persécuté pendant la Seconde Guerre Mondiale, se croit sans doute contraint d'aller au secours d'autres opprimés : c'est son histoire. Mais Sidoine perd la boule, et se croit en 1945, à Bellemont, alors qu'il est à Alger, en sortant d'un hôpital psychiatrique.

Le récit justifie enfin son titre : Laurent, le fils de Sidoine, enquête à Alger sur son père grâce à tout un tas de petits bouts de papiers annotés que Sidoine trimballait depuis des années dans ses poches.

Des passages intéressants : l'attitude de l'interviewer lorsque Laurent passe à la télévision, l'emmurement de la femme de Sidoine dans sa colère contre son mari, la rencontre de Sidoine et de sa future femme Rosalie, la terrifiante langue de bois bien-pensante de Laurent lorsqu'il parle du rôle de la police dans les banlieues, le docteur Sidhoum (qui fait penser à Hans Zimmer), quelques rues du centre d'Alger.

Les couleurs sont aussi ternes que possible (le récit n'est pas drôle). On reconnaîtra une forte puissance émotionnelle à la relation de ces problèmes familiaux et migratoires, mais on ne peut se défaire de l'impression que, parfois, il y a un peu trop de mélo.