Éloïse a un gros souci, elle était assise sur ce banc en attendant... en attendant quoi déjà ? Et où est-elle ? Comment est-elle arrivée là ? Serait-elle... amnésique ? Sans qu'elle sache pourquoi, Éloïse a perdue la mémoire. Ne reste qu'à la retrouver au travers d'une enquête sur son propre passé, le classique.
Avec Boulet au scénario et Pénélope Bagieu au dessin, j'avais une certaine attente en ouvrant cette BD. Quelque-part, je n'ai pas été déçu. Le talent de Boulet pour transformer des petites scènes du quotidien en récits haletants se retrouve jusqu'à la dernière page, et il se combine à merveille avec le trait de Bagieu. Bref, rien à redire de ce côté là.
Pourtant, tout n'est pas aussi rose avec l'histoire d’Éloïse. A travers elle, le lecteur se fait mener d'hypothèses improbables en fausses pistes sans que notre protagoniste ne trouve de réponse satisfaisante à ses interrogations. Et lorsque je suis arrivé à la dernière page, la solution au problème était tellement capillotracté et facile que j'ai refermé le livre en me disant "tout ça pour ça ?" avec un arrière-goût d'anticlimax bien amer dans la bouche.
Puis, passé la première déception. J'ai réfléchi sur l'histoire à tête reposée. C'est alors que j''ai eu une idée. Reprenant le livre, j'obtins la confirmation que je voulais en repérant tout les indices révélant le dénouement disséminés. Et il y en a beaucoup : des évidents où je me suis claqué la tête sur le mur pour ne pas avoir tilté sur le coup et des beaucoup plus subtils au point où je me demande si c'est moi qui ne surinterprète pas ces éléments.
C'est là où Boulet à bien géré son histoire : laisser une myriade d'indices amenant logiquement à sa conclusion sans que le lecteur ne les relèvent avant d'avoir terminé cette BD. Bref, l'important ici, ce n'est pas le but mais le trajet.
P.S. : Pour ceux qui ne comprendraient pas la signification du titre de cette critique (désolé pour les anglophobes.) : http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/ChekhovSGun