« Un bel écrin pour une tragédie ! »
Mais oubliez le scénario, la tragédie n’existe pas, l’intrigue est misérable, elle oscille entre la confusion et le déjà vu : le mystère du fantôme finalement expliqué par la technologie (ici, une projection holographique 3D), c’est juste un remake tiède du vampire avec masque à gaz et intraveineuses, aperçu quelques années plus tôt dans La Frontière de la Vie, tome 7.
Les personnages secondaires sont falots, les principaux ne s’en tirent pas mieux (sauf Vic, sur la fin), et le tout est aussi mal ficelé que prévisible. Une fois encore Yoko a perdu tout son aplomb, tout son mordant, et toute son humanité : elle n’est pas un seul moment effrayée par le fantôme, ce qui n’incite pas non plus le lecteur à s’immerger dans l’aventure. Bref, gros échec côté scénario.
Mais il reste l’écrin. L’Ecosse, les brumes, les vieilles pierres ... ah, Roger Leloup, tu t’es vraiment fait plaisir à dessiner tout cela ! Les panoramas sur le château sont bluffants, les perspectives et les angles de vue sont souvent ingénieux. Et surtout ... les scènes de nuit ! Simplement parfaites, avec un jeu d’ombres saisissant, les vues du château et du loch à la tombée de la nuit sont presque irréelles. On comprend mieux pourquoi Roger Leloup appréciait autant sa coloriste, Béatrice.
Bref, passez rapidement sur les dialogues creux, et plongez vous sans retenue dans les brumes écossaises déployées par Roger Leloup. Voilà pourquoi je recommande malgré tout ce douzième tome : un album à prendre comme un cours de dessin.