Les auxiliaires de vie ne font pas partie des personnages récurrents dans l’univers de la bande dessinée. Alors souhaitons la bienvenue à Sôsuke, la vingtaine… mais il vient de démissionner de son poste dans un EHPAD ! Il veut lâcher l’affaire mais retrouve finalement un emploi chez un octogénaire réputé difficile : M. Yoshizaki, plus de femme, pas d’enfant. Un emploi obtenu grâce à Mme Shigemitsu, une quarantenaire qui croit en Sôsuke. Les trois sommets du triangle sont posés pour que l’histoire puisse se développer.
Il sera question du quotidien d’une personne âgée en fauteuil (mais qui a toute sa tête), de repas partagés, de sorties dans un parc, de confidences, de moments seuls, à 2 ou à 3… par petites touches, le passé des personnages se dévoile. Ils prennent de l’épaisseur. On se prend d’affection pour ce trio inhabituel.
Avec des personnages « comme tout le monde » aurait-on envie de dire, Hideki Arai nous donne un éclairage sur le traitement des personnes âgées - un thème important avec le vieillissement démographique qui concerne pas mal de pays -, le fait d’être seul, de ressasser le passé, d’en avoir marre et de vouloir tout arrêter. Le tout encadré par quelques pages d’introduction et un entretien qui permettent, notamment, de voir les réflexions d’Hideki Arai sur son rôle en tant que mangaka, ce qui a changé depuis ses débuts et sa rencontre avec le roman de Taichi Yamada dont il livre ici une adaptation (traduite par Aurélien Estager et lettrée par Tom spAde Bertrand).
Loin des cris et de la fureur de The World is Mine ou de l’amour à coups de billets d’Irene, La vie devant toi est un one-shot dont les pages défilent comme les pétales d’une fleur que l’on ne souhaite pas abandonner.