Quand le "Le Barbare" est sorti, les fans savaient que Thorgal arrivait à sa fin. Et surtout, ils connaissaient la volonté de reprendre la série avec Jolan. Alors forcément, quand on arrive à la fin de l'album on se dit 'ouch'. Malheureusement les fuites ont eu lieu trop tôt et le tome 28 s'avèrera décevant. Mais revenons à l'album concerné par cette critique.
J'avoue ne pas avoir été séduit par l'univers déployé dans cet album. Que la puisance romaine soit tout d'un coup introduite à l'univers Thorgal. Il y avait bien une galère dans le tome 4, mais Brek Zarith ne semble pas issu de l'empire romain. Juste une sorte de parallèle. Ici, Van Hamme tente de se raccrcher à l'histoire vraie plutôt que d'inventer une ethnie similaire (avec les mêmes coutumes sanglantes). En soi, c'est donc bien dépeint, mais dans l'univers de Thorgal, je ne sais aps trop pourquoi, ça n'a pas pris. Peut-être parce que ça donne trop une indication de l'époque ? OU bien aprce que VanHamme veut trop en faire ?
En ce qui concerne la narration, ça fonctionne, même si on sent Van Hamme plus intéressé par les romains que par Thorgal dont l'épaisseur psychologie revient à la ficelle du string. Il y a tout de même un moment très intéressant, qui relève éminemment le niveau psychologique : ce passage où Thorgal et Aaricia disputent du sort de leur amie venue des étoiles : Thorgal veut l'aider obstinément, tel le héros creux qu'il est devenu (sous prétexte que c'est sa dernière famille), Aaricia s'y refuse car ce serait compromettre sa vie et celle de ses enfants. Un dilemne malheureusement pas plus exploité que ça, mais qui fait plaisir à entendre.
Quant aux situations Van Hamme se voit obligé d'ellipser la majorité de l'action afin d'éviter trop d'analogies avec "Les archers". Il ne se passe donc pas grand chose, quelques conflits par-ci par-là et une sorte de tour rapide de ce que pouvait être la cruauté romaine ; pas grand chose, donc, mais ça suffit à divertir agréablement. La fin est assez sobre, mais efficace. Dommage que l'album suivant trahisse cette efficacité.
Rosinski, de son côté, étonne par un dessin très approximatif pour ne pas dire bâclé. Je pense que son intention était de partir dans un dessin de croquis ou dans un encrage direct, sans crayonné, tant les gueules de personnages changent d'une case à l'autre. le découpage semble aussi très brouillon, comme un premier jet. Les couleurs de Graza sont en revanche très riches ; j'en viens parfois à me demander s'il n'y a pas de peinture à l'huile dans tout ça tant certaines couleurs regorgent de matière.
"Le barbare" est donc un tome un peu différent des précédents : le lecteur sait que la fin de la série approche,q u'une autre va arriver ; Van Hamme altère un peu l'univers habituel de Thorgal (un changement pas déplaisant), malheureusement l'auteur échoue à rendre son récit épique ; Rosinski semble en pleine crise artistique (il faut savoir que peindre ses planches le titillait déjà à ce moment là, peut-être se voit-il frustré de devoir encrer une nouvelle fois un album?). En tous cas, cet album 27 reste un bon divertissement, un peu mou et un peu maladroit, c'est vrai, mais pas déplaisant pour autant.