Je mets 9 mais le 10 n'est pas loin. Le 10, il faut jamais le mettre parce qu'il n'existe pas.
Enfin voilà, ce bouquin, je l'ai lu à sa sortie, comme beaucoup de monde. A l'époque, j'étais un ado rempli de de questions. Pas sur ma sexualité mais sur la signification d'une relation amoureuse, le regard de l'autre, mon regard sur l'autre. Ce livre, je l'avais bien aimé. Vraiment. Il ne m'avait pas marqué mais régulièrement, je le conseillais à untel, sans savoir trop pourquoi. Je me référais juste au souvenir d'un livre bien..une belle histoire d'amour, un peu triste, avec une fille aux cheveux bleu dedans.
Puis le film à eu la palme d'or. Un film avec des actrices bien, une histoire bien..que j'avais un peu oublié. Puis y'a eu le micro fiasco aussi, sur Kechiche, sur le fait qu'il n'ai pas parlé de Julie Maroh durant la cérémonie. J'ai lu des articles. Un article de la bédéaste aussi. Ca m'a donné envie de me replonger dans le livre. Je l'ai fait..et j'ai bien fait.
Tout d'abord, je crois qu'il faut parler du graphisme, avant de parler de l'histoire. Le dessin, ne nous voilons pas la face, n'est pas très bon. Une sorte de style manga un peu occidentalisé. Mais un style parfaitement maitrisé, dépouillé de couleurs ou presque...qui est le témoignage de la sensibilité toute particulière de l'artiste. Un style qu'elle avait d'ailleurs avant de se lancer de cette aventure personnelle, qui rentre ici en adéquation parfaite avec le propos. A se demander si cette histoire n'est pas une finalité, le but d'un cheminement artistique tinté en permanence par un mode de vie difficile, voir parfois invivable. Mais un style de vie que l'on ne choisit pas: l'homosexualité.
Ce thème est difficile, sujet à de nombreuses polémiques et ne met pas très parlant. Je le trouve si peu dérangeant, si acceptable, normal, que mon regard d'hétérosexuel n'a aucune raison de s'attarder sur cette manière, qui en vaut une autre, de donner de l'amour à autrui. Par contre, le thème de l'homosexualité comme une découverte de soi qui nous contraint à faire tomber les masques, à être dans la franchise et qui semble, somme toute, permettre à celui que se découvre cette tendance de devenir celui qu'il doit être...ça, ça m'intéresse.
Le plus incroyable je crois, c'est qu'une fois qu'on a lu le livre (même pendant), les deux personnages principaux prennent vie. Véritablement. ils sont si criant de vérité qu'ils s'imposent à nous comme des compagnons de route. Pour ce faire, Julie Maroh y est allé à grand coup de gros plans, de dialogues bien ficelés et d'allers retours dans le carnet intime faussement factice d'une jeune fille qui nous ressemble, à qui nous ressemblons.
Oubliez tous les clichés sur l'adolescence. Julie Maroh nous parle ici de vrais sentiments. De ce qui sont pleurer, mais pas facilement. Elle nous parle de l'adolescence non pas comme d'une période de pure souffrance mais d'une période ou l'on se définit. Où l'on choisit qui on veut être. On l'on s'assume.