Cet album est excellent et compte indéniablement parmi les indispensables de la série. Il en marque d'ailleurs la fin de l'âge d'or selon moi. Il y aura certes encore de très grands moments, mais pas de manière aussi homogène et régulière qu'entre les tomes 4 et 13 - malgré le moins bon Combat des chefs. Le scénario du Bouclier arverne est très bon car il met en place différentes histoires qui vont finir par s'imbriquer. Le tout étant mis en relation avec une époque que les deux héros n'ont pas connue car pas encore nés. L'évocation de ces passages - qui plus est, historiques - ancre plus que jamais l'épisode dans un réalisme certain. C'est sans doute l'unique fois que cela se produit dans toute la série. Un peu comme pour Canyon Apache dans LUCKY LUKE qui suggère réellement la mort du héros dans la dernière page.
Mais cela n'empêche pas l'humour et la franche rigolade. La séquence d'ouverture (après le prologue) est tordante (héhé) et Uderzo nous offre de très belles cases. On apprend incidemment que la femme d'Abraracourcix se nomme Bonemine. La planche de la dispute entre Astérix et Obélix est peut-être la plus célèbre de la série et les deux strips centraux de la planche 5 montrent mieux que jamais ce qu'est l'éternel esprit "bon vivant" des Français. Abraracourcix fait presque figure d'allégorie de la France dans ces cases. Mieux que n'importe quel coq gaulois ou autre Marianne républicaine.
On trouve dans cette aventure qui taquine les Auvergnats (prépubliée dans Pilote en 1967) un petit côté Grande Vadrouille, sorti au cinéma l'année précédente, qui achève de la placer sous le signe du divertissement réussi.