Deuxième aventure japonaise pour Yoko Tsuno : un album honnête et plutôt bien ficelé, même s’il manque la touche magique qui en aurait fait une grande aventure. Pourtant cela commençait plutôt bien, avec le retour du colonel Tagashi et de Hertzel : l’univers de Yoko Tsuno compte désormais suffisamment de personnages secondaires pour que Roger Leloup puisse les faire revenir d’une histoire à l’autre ... et ici, réunir un personnage des aventures allemandes et un colonel de l’armée japonaise ressemblait à une bonne idée.
Mais c’est cette profusion d’alliés en tout genre qui noie ce quinzième album : Yoko n’a plus d’ennemis. Hertzel met à son service toute sa fortune pour lui fournir plusieurs avions, Tagashi lui offre ses connaissances pratiques et ses contacts sur place, Onago et la résistance du Kampong sont de son côté ... bref, Sakamoto, le méchant de l’histoire, doit se sentir bien seul face à ce front uni. Et Yoko a la partie un peu trop facile.
L’intrigue autour d’un gigantesque canon japonais, oublié sur les îles depuis 1943, ainsi que l’ajout de ce micro-Etat fictif truffé de pétrole et de déchets radioactifs, voilà un scénario qui tient la route.
Mais une fois n’est pas coutume, Roger Leloup est un peu décevant sur les dessins : c’est techniquement parfait (comme toujours), mais il n’y a aucune prise de risque dans les angles de vue, les perspectives, le découpage des vignettes. De même que Roger Leloup ne dessine aucun panorama en grand format : ni sur les îles du Kampong, ni sur le Canon de Kra ... une petite déception.
Il reste des scènes d’aviation toujours maîtrisées, et une coloration parfaite pour la mise à feu du canon.
Dernier petit défaut enfin : quand Roger Leloup met en scène des personnages asiatiques, il se sent obligé de leur faire débiter des dialogues truffés de métaphores poétiques ... qui ont assez mal vieilli !