Suite et fin pour Paradise, un quatrième tome en forme d’apothéose douce : c’est un peu à ce niveau d’exigence que toute la série aurait dû tendre, dès le début, pour être vraiment de qualité.

Ici, oubliez le scénario, il n’a plus aucun intérêt : après trois tomes d’une intrigue tiède et sans saveur, la confrontation finale entre Malkia, Rodon et Siri est évidemment vide, dénuée de toute tension. De toute façon les personnages n’ont aucune épaisseur, et on a bien compris désormais que lorsque Malkia est en danger, à chaque fois, le léopard noir surgit et croque les ennemis. Bingo, ici encore, ça ne manque pas.
Le seul élément nouveau dans ce scénario, c’est le personnage du banquier de Zurich. Il aurait pu être intéressant ... mais il est ici tellement caricatural qu’on ne peut pas le regarder sérieusement. Côté dessin, avec ses dents de rats trop prononcées, c’est la première fois que le coup de crayon de Bingono se révèle décevant ... lui qui sait d’ordinaire si bien croquer les visages.

Ce quatrième et dernier tome ne vaut de toute façon que pour ses graphismes : un découpage pur, simple, sobre. De longs strips étirés, des pages découpées en larges panoramas contemplatifs. Ce Coffre Noir est un long roman graphique, dont tous les dialogues tiennent sur un post-it : un unique mouvement inéluctable, porté par des dessins grandioses et apaisés. Brice Bingono est magique sur ce coup-là.

La couleur est souvent époustouflante, notamment le jeu d’ombres lorsque Malkia fait face à Rodon. Le jeu de perspective sur la disparition du banquier, le cadrage décalé quand Malkia rejoint la porte du roi, l’ambiance sépulcrale qui enveloppe Conrad Siri et ses hommes lorsqu’ils pénètrent dans le Coffre Noir ... autant de traits de génie, une prouesse graphique incroyablement maîtrisée.
Un talent de dessinateur qui explose dans les trois dernières pages, les seules de la série à être véritablement chargées en émotion.

On referme ce Coffre Noir avec un grand regret pour les albums précédents : si seulement toute la série Paradise avait pu être aussi graphique que ce dernier tome ... on aurait tenu un véritable petit bijou du neuvième art.
Wakapou
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Check-list : Paradise !

Créée

le 3 sept. 2013

Critique lue 127 fois

Wakapou

Écrit par

Critique lue 127 fois

Du même critique

L'Orange mécanique
Wakapou
9

Une « coïonnerie »

Anthony Burgess avait, dans ses dernières années, une très grande crainte : celle de ne demeurer dans les mémoires qu'en tant que l'écrivain qui avait inspiré Stanley Kubrick pour « A Clockwork...

le 1 déc. 2010

61 j'aime

16

Fight Club
Wakapou
5

Please be a parody !

Fincher, fais-moi plaisir, dis-moi que c’est une parodie ! Vu étant gosse, ce film m’avait laissé le souvenir d’une immense claque, avec un parfum délicieux d’ultra-violence et de subversion contre...

le 19 juin 2013

58 j'aime

9

Pokémon Bleu
Wakapou
10

We are Pkmn generation !

Ah, Pokemon Bleu, c’est LE socle commun à toute une génération des 90’s : le jeu vidéo qui a forcé les parents à abandonner leurs derniers espoirs de comprendre nos chères têtes blondes ... Sur une...

le 14 juil. 2013

50 j'aime

4