Devenir soi.
Une oeuvre soignée, écrite, d'une humanité bouleversante, aux thèmes universels: l'amour, la mort, la mémoire, la famille, la filiation, la paternité, le passage à l'age adulte... Tout y est amené...
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le 18 févr. 2011
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A elle seule, cette phrase du philosophe Helvetius pourrait résumer "le combat ordinaire" de Manu Larcenet.
Cette BD nous conte l'histoire de Marco, jeune français de son époque, photographe de guerre sur le retour, nevrosé, accro aux anxiolitiques, aux scéances de psy et aux soirées Playstation/pétards avec son frère.
Un jeune adulte tourmenté entre ses convictions, ses angoisses, ses désirs, son passé...un jeune comme un autre. Et c'est en cela que le combat qu'il va mener est ordinaire, ce combat n'est autre que : la vie. Affronter ses responsabilités, découvrir, faire des choix, tomber amoureux, concéder, renoncer...
Si les détails qui constituent la vie de Marco ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux d'un tout un chacun, la clé de toutes les problématiques qu'il rencontre font toujours écho avec notre existance. La source de nos névroses est toujours issue de notre enfance et de notre difficulté relative à plonger dans le monde des adultes. Larcenet nous explique avec, tantôt toute la tendresse , tanôt toute la cruauté possible où se situe cette frontière, elle est simple : déconstruire le mythe des parents (du père en l'occurence) et découvrir l'homme, l'homme mortel, l'homme que son histoire passé constitue, l'homme qui se cache derriere tout ça. Cette première étape cruciale en suggère une seconde : devenir à son tour parent.
Concept que rejète Marco systematiquement, parceque devenir père c'est devenir mortel, accepter, se résigner à disparaitre un jour. Mais "avoir un enfant c'est devenir un homme meilleur", lui dira son père...
"Le Combat ordinaire" est une fable pudique sur la transmission, sur la transcendance que provoque la paternité sans laquelle la vie n'aurait qu'un gout fade et sans interet. Ca nous parle de tolérance, de volontée de comprendre l'autre de facon nuancée. Ca nous parle d'éducation, de la crainte de reproduire les memes erreurs que l'on repproche soi-meme à ses parents, la crainte de ne pas être à la hauteur. Un récit philosophique sur fond de misère sociale et de réalité politique. Le tout savamment agencé pour nous inclure dans le combat de Marco, qui n'est autre que le notre... Manu Larcenet devient notre Psychologue...je n'en ai jamais rencontré à titre personnel, mais je pense que ça doit ressembler a ça une scéance chez le psy...mais en moins bien.
> "Le subit anéantissement de mes émotions semble être mon système personnel de protection . Je suis alors capable de continuer . Une part de moi s'occupe des autres , des relations sociales , de l'intendance , en somme...tandis que l'autre habite mon lopin d'enfer soigneusement privé , à l'abri des regards . "
>
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Créée
le 24 janv. 2017
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