"Blonde" est sorti en aout 2016... nous sommes le 13 Decembre...il m'a bien fallu tout ce temps pour enfin me décider à parler de cet album. Exactement comme après avoir écouté "Channel Orange" pour la premiere fois...il m'a fallu du temps, tant le travail, la musique, l'univers et les poesies de Frank Ocean sont denses.
Cette sensation que te procure ce genre de projet, tu sais que tu es face a quelque chose de grand, d'important, mais il est encore trop tôt pour en parler, trop tôt pour exprimer un ressenti concret.
4 mois plus tard, je ne peux toujours pas prétendre avoir résolu toutes les énigmes de "Blonde"...mais je me sens déjà plus à même d'en parler.
Cet album aurai tout à fait pu s'appeller "Nostalgia Ultra 2" tant ce sentiment est omnipresent au fil des chansons. Frank Ocean nous parle de ses souvenirs, avec un fatalisme désarmant dans les morceaux comme "Ivy" "God Speed" ou surtout le sublime "White Ferrari"...
These bitches want Nikes
They looking for a check Tell em it ain't likely
Said she need a ring like Carmelo
Must be on that white like Othello
A l'opposé de la déclaration d'amour qu'il avait faite aux USA dans le morceau "Forrest Gump" (sur "Channel Orange"), il dresse d'entrée un portrait froid, puissant et sans concession de son Pays dans le morceau "Nikes"... Voix pitché, il se promene dans ce cirque géant, slalomant entre le consumerisme, la drogue, le racisme, les violences policieres, le culte de l'image... lui qui exprimait recement son regret de ne pas avoir su proteger la sienne. D'où, sans doute, sa volontée de se cacher le visage sur la pochette, vulnerable nu sous une douche qui le laverai de ses nevroses passées. "Blonde" pour brouiller les pistes, tanto ecrit au feminin, tantot au masculin... contrasté par les cheveux verdatres qu'il arbore sur cette photo.
Parlons de sa musique, organique, experimentale, affranchie de tous les codes actuels, oscillant entre minimalisme et orchestration parfois abusive, interludes... tout est a chaque fois justifié, il nous plonge dans un univers cosmique sans insister sur un délire esoterique comme il a déjà pu (tres bien) le faire dans un morceau comme "Pink Matter". Il n'empeche que Frank Ocean lie, tres habilement, le terre à terre et la metaphysique. Capable de decrire musicalement et lyricalement, un sentiment, aussi banal soit-il, avec une précision déroutante.
Je devrai recevoir dans les prochains jour le magazine "Boys don't cry" qui accompagne l'album, nul doute que cet aspect visuel completera cet album et m'offrira une approche encore differente de sa musique et de son univers. On en reparlera.
Aucune déception donc, que du contraire, il semble même avoir pris une dimension encore plus profonde que sur son précédent opus. Sans doute l'artiste le plus mysterieux et le plus passionant de sa génération à défaut d'être prolifique...mais la qualité prime sur la quantité paraît-il... en ce qui le concerne : c'est VRAI !