Blade Ruinneur
Denis Villeneuve est un metteur en scène qu'on apprécie. Sicario, Enemy, Premier Contact... la plupart de ses œuvres sont puissantes, et on sait le bonhomme capable de mettre une beauté plastique...
le 4 oct. 2017
211 j'aime
40
Quelles immenses déceptions. l'emploi du pluriel est volontaire. Tout est allé crescendo dans ce raté.
Commençons donc par le commencement : l'annonce du projet. Toucher à un chef d'oeuvre aussi mythique et en proposer une suite était déjà chose plus risquée qu'ambitieuse. Blade Runner ou comment transformer un film d'auteur en franchise hollywoodienne, voilà le projet (sans compter qu'un préquel au sequel version manga verra aussi le jour.)
Voilà que le nom de Denis Villeneuve est confirmé pour prendre les rennes de ce projet, projet à manipuler avec humilité et une délicatesse d'orfevre. Mais qu'à cela ne tienne, Villeneuve est un grand réalisateur, qui a fait un sans faute jusqu’à présent selon moi.
En nous présentant son petit dernier "The Arrival", Villeneuve venait nous rassurer : il sait renouveler le genre SF, se l'approprier, en faire quelque chose d'incroyable, de bonne augure pour Blade Runner. De quoi me rendre enthousiaste a l'idée de voir revivre cet univers extraordinaire à la sauce Villeneuve.
Le Casting se forme, Ryan "Impeccable" Gosling est annoncé, Harrison Ford rechaussera les pompes de Deckard... Aïe... mauvais pressentiment. Une suite avec un Harrison Ford plus vieux qui reprends un rôle qui avait fait son succès ça m'angoisse, vous comprendrez qu’après l*'Indy 4* et le dernier Star Wars les mauvais souvenirs se ravivent et l’inquiétude grandit ! Oui mais c'est Villeneuve aux manettes ! Ah...mais c'est pas comme si c'était Spielberg ou JJ Abrams au commandes des deux films pré-cités !
Bénéfice du doute, bénéfice du doute...
La date de sortie est annoncée, ce sera le 4 Octobre, en sortie mondiale ! Des trailers sortent à la chaine. Ils sont plutôt électrisants, le sound design, la photographie, l'ambiance, les promesses... tout y est ! L'impatience grandit !
Puis...oh...attendez... c'est quoi ça ? Dites moi que je rêve ! J'ai cru voir une affiche, mais dite moi que c'est un mauvais fan-art... dite moi que le "Orange & Teal" n'est pas utilisé (vous savez ce fameux mariage de teintes oranges et bleutés utilisé jusqu'à la nausée sur la quasi totalité des films d'action americains), dite moi que j'ai mal vu...
Bon c'est certain, Denis Villeneuve n'est pas le graphiste de cette affiche, mais ca sent le gros plan marketing bien gras...inhabituel pour un blockbuster dit "d'auteur"...
Jour J, séance de 11h20, l'attente fut insoutenable, je m'enfonce dans mon fauteuil, sans pop-corn ni nachos, décidé à en prendre plein les yeux et plein les méninges, la lumière s'éteint, on y est !
Alors voilà, il y a une ambiance pesante, apocalyptique, visuellement c'est somptueux...mais le film dure 3 heures, et même quand on est dans le contemplatif, sans fond consistant, celà ne suffit pas, je ne suis parvenu à m'attacher à aucun des personnages. Le film est truffé de scènes très gênantes comme celle de la synchronisation entre Joi et Mariette pour offrir une partie de jambes en l'air à un Joe inexpressif à souhait.
Le personnage même de Joi est parfaitement inutile, il n'apporte absolument rien si ce n'est une romance aussi artificielle que celle présentée dans le film.
Mais on atteins des sommets dans les séquences avec Rachel, ou plutôt le clone du clone de Sean Young, séquence faite pour les fans, au niveau émotion/nostalgie on touche plus à Jurassic World qu'autre chose.
La seule chose intelligente scénaristiquement de la part de Villeneuve c'est sans doute de ne pas avoir choisit la facilité en faisant de Joe le fils de Deckard... après le fils d'Indiana Jones et le Fils de Han Solo ça aurait fait beaucoup de gosses illégitimes pour ce pauvre Harisson Ford...
Le Personnage de Luv, la méchante, aurait pu prendre une dimension intéressante si elle n'avait pas soudainement abandonné sa froideur criminelle pour des acrobaties d'art martiaux ridicules...On est a des années lumières de l'élégance philosophique et glaciale de Rutger Hauer dans le rôle de Roy Batty.
Où est passé la noirceur métaphysique du film de Scott ? Je ne souhaitais pas une copie du premier, mais j'attendais de la part de Villeneuve une réflexion profonde sur l'humanité, comme il a toujours sur le faire avec brio dans sa filmographie, il n'en est rien, pourtant il y avait matière avec un sujet pareil.
Il y a des tentatives de réflexion spirituelles, avec cette quête de l'enfant "originel" des replicants, mais dans quel but ? Le but du film était-il simplement de réunir Deckard et sa fille ? C'était simplement ça ? Quelque chose m'a-t-il échappé ? Dites moi que je n'ai rien compris au film, qu'il est plus complexe qu'il n'y parait, je vous en supplie.
Enfin, la philosophie de Philip k. Dick n'y est pas non plus. Ce scénario est original, certes, mais était-ce nécessaire de faire l'impasse a ce point sur les détails si chers à Dick et à son oeuvre ?
Je suis tellement déçu, à la mesure des attentes que j'avais de ce film.
Le Blade Runner de Villeneuve est le « répliquant » de celui de Scott...et comme pour les répliquants ils sont très bien faits dans la forme mais la question est « ont-ils une âme »...concernant celui ci la réponse est non !
Créée
le 4 oct. 2017
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