Le dernier pharaon est une immersion originale dans l’univers de Blake & Mortimer. Les auteurs ne témoignent pas d’une réelle volonté de respecter rigoureusement l’univers de la série tant sur le plan graphique que scénaristique. Cet album se différencie clairement des autres albums de la série. Cette aventure est née de la plume et de l’imagination de Schuiten, Van Dormael, Gunzig et Durieux. Je dois vous dire que le premier nom est le seul qui m’était familier. En tout cas, cet opus m’a intrigué par son originalité et sa personnalité apparente…
Le synopsis est présenté avec les mots suivants sur la quatrième de couverture : « Surgis des tréfonds du Palais de Justice de Bruxelles, une énergie d’origine inconnue menace la survie de l’humanité. Personne ne semble en mesure de l’arrêter… sauf peut-être Philip Mortimer. Mais depuis Le Mystère de la Grande Pyramide, le temps a passé. Le professeur est-il prêt à affronter les mystères de l’Egypte qui se rappellent à lui ? »
La principale rupture avec l’œuvre réside dans la présence comme dessinateur de Schuitten. Son style est très éloigné de ligne claire qui caractérise la série. Le talent de cet illustrateur n’est plus à démontrer et n’est pas à remettre en cause. Néanmoins, je dois bien dire que j’ai été quelque peu perturbé de découvrir ces héros légendaires sous des traits si différents ! Mais pourquoi pas une nouvelle vie graphique pour Blake et Mortimer ?
Le choix fort du scénario est la dimension fantastique qui l’habite. Les auteurs installent rapidement une ambiance de fin du monde. Ce palais de justice habité par une force destructrice est une belle réussite. Le mystère est total et nous accompagne tout au long de la lecture. Nous sommes plutôt envoutés par cette atmosphère et particulièrement intrigué par ce lieu qui fait autant peur qu’il fascine.
Au-delà de cet aspect, ma lecture s’est avérée perturbante. L’éloignement des codes de la série est important et n’a pas facilité mon immersion totale dans l’histoire. Certes l’intrigue ménage un vrai suspense mais je ne suis jamais vraiment pleinement entré dedans. L’histoire n’est pas inintéressante mais passionnante au point de me captiver. De plus, la relation très différente entre les deux héros en comparaison de leurs habitudes a fini de m’éloigner un petit peu de l’ensemble.
Pour conclure, je dirai que cet ouvrage n’est pas dénué d’intérêt. Malgré tout, je ne peux pas dire que j’ai été totalement conquis par ma lecture. Je pense que le trop grand éloignement avec l’univers de Jacobs m’a gêné. J’en viens à me demander pourquoi cette intrigue utilise-t-elle ses personnages ? N’aurait-elle pas pu s’inscrire dans un univers propre ? Le lien avec les aventures précédentes de Mortimer est vraiment succinct et finalement pas indispensable. Malgré ses réserves, je ne regrette pas d’avoir découvert Le dernier Pharaon. Il m’a permis de sortir des sentiers battus dans un univers graphique moins familier. Ce n’est déjà pas si mal ?