Quand Blake et Mortimer se perdent dans les sables de la métaphysique

Imaginez Blake et Mortimer, nos deux gentlemen-aventuriers, propulsés dans une intrigue mêlant pyramides, apocalypse, et Bruxelles en ruines. Dit comme ça, Le Dernier Pharaon avait tout pour être une fresque grandiose, un cocktail explosif entre Indiana Jones et un épisode de C’est pas Sorcier sur l’Égypte. Et pourtant… ça coince. Un peu comme si vous commandiez un steak frites et qu’on vous servait du tofu avec une déco artistique.


Sous la plume de François Schuiten et ses acolytes, ce hors-série propose une réinvention audacieuse de l’univers de Blake et Mortimer, troquant les complots habituels contre une atmosphère plus introspective et contemplative. Visuellement, c’est un régal. Les planches de Schuiten sont un véritable tour de force, avec des jeux d’ombres et des perspectives vertigineuses qui font de chaque page une œuvre d’art. Malheureusement, le scénario ne suit pas toujours cette ambition graphique.


Le récit se perd dans des digressions philosophiques, des métaphores lourdes, et des dialogues qui s’étirent comme un chewing-gum trop mâché. Certes, il y a une volonté de renouveler les codes de la série, mais on finit par avoir l’impression d’être coincé dans une conférence sur l’ésotérisme organisée par des ingénieurs belges. Tout le monde n’a pas forcément envie de philosopher sur le sens de l’existence en regardant Mortimer arpenter des couloirs.


Quant à l’intrigue, elle oscille entre mystère captivant et absconsité frustrante. Blake et Mortimer semblent presque secondaires dans leur propre aventure, spectateurs d’un délire architectural et symbolique qui leur passe au-dessus de la tête. Si l’on apprécie l’audace et l’ambiance oppressante, il est difficile de ne pas décrocher face à des enjeux qui peinent à se rendre accessibles.


En conclusion, Le Dernier Pharaon est un ovni dans la galaxie Blake et Mortimer : magnifique à observer, mais parfois hermétique à lire. C’est un album qui séduira les amateurs d’art et de concepts tortueux, mais qui risque de laisser sur le carreau ceux qui espéraient une enquête rythmée et palpitante. Une œuvre qui brille autant qu’elle déroute, un peu comme un pharaon qui aurait oublié d’allumer son GPS dans son labyrinthe.

CinephageAiguise
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le 24 janv. 2025

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